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Le Mexique de Vincente Fox

vieuxcmaq, Jueves, Octubre 5, 2000 - 11:00

Jacinthe Barabé (jacinthe@alternatives.ca)

Hector de la Cueva, syndicaliste, auteur et conférencier de renommée internationale sur les questions reliées à l'intégration continentale des Amériques, était récemment de passage au Québec. Selon le syndicaliste mexicain, la mondialisation et la multiplication des accords de libre-échange ont eu, jusqu’à présent, un impact des plus négatifs sur la société mexicaine.

À Québec, en avril 2001, 34 chefs d’État des Amériques se rencontreront lors du Sommet des Amériques. Il y sera question de la création d’une très vaste Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA). Comme l’Accord de libre-échange (ALÉ) et l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) avant elle, la ZLÉA promet un nouveau paradis des échanges et l’amélioration des conditions socio-économiques des populations. Pourtant, jusqu’à présent, les résultats des deux premiers accords sont loin d’être concluants. Ceux qui auraient soi-disant dû y gagner ont perdu, et les autres, ceux qui gagnaient déjà, se sont davantage enrichis.
Comme l’affirme Hector de la Cueva : " L’ALÉNA promettait plus d’emplois, l’amélioration des conditions de travail et l’augmentation des salaires. Il a pourtant entraîné le contraire : moins d’emplois, de pires conditions de travail et des salaires à la baisse. " En d’autres termes, les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent : la fortune des 200 plus riches milliardaires équivaut au revenu de 41 % de la population mondiale, soit 2,5 milliards de pauvres. Selon l’Indicateur de développement humain tel que calculé par l’ONU, celui des trois pays concernés par l’ALÉNA a diminué depuis la signature de l’accord. Il est passé de 0,943 à 0,929 pour les États-Unis, de 0,96 à 0,935 au Canada et de 0,855 à 0,784 dans le cas du Mexique. " À tout le moins, ajoute-t-il, les accords de libre-échange permettent de créer des liens entre les mouvements militants à travers le monde. Au Mexique, il en fut ainsi, entre autres, pour le mouvement syndical. "

Désastre

L’ALÉNA devait servir à ouvrir le marché mexicain aux affaires agricoles des États-Unis en éliminant, notamment, les tarifs douaniers sur les produits mexicains. Pourtant, depuis la signature de l’ALÉNA, en 1994, l’agriculture et les paysans du Mexique ont fait face à un désastre.
Selon la Commission de l’agriculture du Parlement mexicain, au cours des six dernières années, le Mexique est devenu importateur des produits qui autrefois résultaient du travail de 2,5 millions d’agriculteurs mexicains. Également, d’importantes coupures dans les services d’aide alimentaire de l’État ont été effectuées : de 1994 à 2000, le nombre de personnes pauvres qui recevaient de l’aide financière pour l’achat de produits laitiers ou de tortillas est passé de 1,5 million à 1,1 million.

Le FOXanosaure

Lors des élections du 2 juillet dernier, ceux que l’on qualifie de " dinosaures " du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) ont été délogés par Vicente Fox du Parti d’action nationale (PAN). La gauche mexicaine est à la fois contente et inquiète de cette élection. Elle surnomme d’ailleurs le nouveau président, qui entrera en fonctions le 1e décembre, le FOX-anosaure, puisqu’il poursuit, à plusieurs égards, les mêmes visées que le PRI. Hector de la Cueva explique : " D’une part, les gens sont contents parce que le PRI a perdu les élections, après 70 ans au pouvoir. D’autre part, ils sont inquiets parce que c’est un parti de droite qui a emporté les élections. Alors, d’un côté, il y a possibilité de démocratie, de mouvement social bien actif, bien organisé, et d’un autre côté, il y a la force du pouvoir néo-libéral qui est toujours là, à la tête. Bref, au Mexique, le mur est tombé, mais il est tombé du mauvais côté ! "

Les États-Unis qui étaient demeurés discrets au cours de la campagne électorale ont applaudi l’élection de Fox. Ce dernier souhaite gouverner le pays comme on fait des affaires, ce qui en fait un excellent partenaire pour la signature d’une éventuelle ZLÉA. " Il est clair que le PRI a été défait, mais le projet néo-libéral a été réélu, commente Hector de la Cueva. Nous aurons dorénavant un Congrès franchement dominé par le PRI et le PAN. Ce qui signifie que le néo-libéralisme possède une nette majorité au Congrès. " Il croit que le Mexique vivra bientôt une période fortement contradictoire, puisque " Fox possède un discours qui s’apparente à celui de la gauche, mais un programme et des politiques avec un fort penchant vers la droite, clairement néo-libéraux ".
Vers Québec 2001

Lors de son récent passage au Canada et après une rencontre avec le Premier ministre Jean Chrétien, Vicente Fox a une fois de plus exposé son " grand projet " de réconcilier l'irréconciliable. Soit imposer la mondialisation tout en obligeant les acteurs néo-libéraux à faire preuve d'une plus grande responsabilité sociale. Une sorte de marché commun à l'européenne pour le continent nord-américain.

C’est dans ce décor que prendront place les acteurs du Sommet des Amériques en avril prochain. Parallèlement à cette rencontre officielle, se tiendra un Sommet populaire, organisé par des ONG, des groupes populaires et des syndicats, venus de partout à travers les Amériques. Question de faire contrepoids et d’influencer les décisions qui seront prises par les chefs d’État des Amériques au Sommet officiel. Selon Hector de la Cueva : " Fox sera prêt à faire des compromis avec les autres gouvernements pour que le processus vers la signature de la ZLÉA continue, mais il sera aussi tenu de consulter la société civile. Nous devrons donc profiter de cette occasion. "



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