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Les indigné-e-s toujours pas résigné-e-s?

Anonyme, Viernes, Noviembre 25, 2011 - 20:11

Lettre aux indigné-e-s toujours pas résigné-e-s!

Après une quarantaine de jours d'occupation permanente, le mouvement #occupons-Montréal se fait sauvagement expulser par les forces de l'ordre, avec l'assentiment des autorités politiques.

Malgré l'absence flagrante d'impacts significatifs sur la classe dirigeante et les élites économiques, le mouvement ne fut pas un échec. Pour beaucoup d’occupistes, il s’agissait d’une première mobilisation, offrant un nouveau souffle au militantisme montréalais. Sa popularité a permis de rendre évidents des incohérences du système et de sensibiliser une partie de la population à ces enjeux. La résistance globale face au capitalisme a avancé d'un cran. S'organiser sur de nouvelles bases, indépendantes du marché et de l'État n'est pas chose facile. Il faut lever notre chapeau à toutes ceux et celles qui ont pu faire fonctionner un campement autogéré dans les conditions que l'on connaît. Avec la création d'espaces de discussion, d'entraide et de réflexion politique, les occupations ont remis au goût du jour la lutte politique, l'autonomie et la pensée critique, choses de plus en plus rares dans notre monde monolithique. Mais devant l’essoufflement graduel du mouvement mondial, il faut maintenant se poser des questions sur la suite des choses.

Rendons-nous à l'évidence, les géants de la finance n'ont pas fléchi. Malgré les bons coups du mouvement, le capitalisme conserve le même visage inhumain, froid et calculateur, créateur d'injustices et d'insécurité, destructeur de cultures et de nature, broyeur de personnalité, d'expressivité et de liens sociaux véritables.

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné? Les cibles étaient-elles trop grosses, trop floues? Était-ce les bonnes cibles? Était-ce le bon moyen pour changer réellement et durablement le monde dans lequel nous vivons? Devant l'échec visible des mouvements d’occupations des indigné-e-s, voici quelques pistes de réflexion sur ce que pourrait être la suite des choses pour mener à bien la résistance face aux abus du monde de la finance et, plus généralement, face au capitalisme devenu global.

 

Ne plus craindre de nommer le problème ;
Ne plus craindre de prendre position !

La crise économique dont nous sortons à peine (et la prochaine où nous entrerons bientôt) n’est pas le résultat de quelques banquiers corrompus, mais bien du système en tant que tel, qui promeut la compétitivité, la prédominance du profit sur l’humain, la performance à tout prix, la consommation/destruction de tout et l’irresponsabilité corporative. Les abus de l’élite financière ne sont que des symptômes de surface. La nécessité de s’attaquer au capitalisme en tant que système et non à ses abus particuliers devient de plus en plus évidente. Pour résoudre les symptômes du capitalisme, il ne suffit pas de le transformer, il faut l’abattre. Il n’y a pas de pansement assez large pour couvrir un cancer; on ne peut le guérir qu’en l'exterminant. Le capitalisme est le cancer de l’économie, rien ne sert de le réformer, le problème est plus profond et tant qu’il persistera, les inégalités demeureront.

La suite du mouvement devra être résolument politique et définitivement anticapitaliste si elle veut réussir à transformer durablement l’état des choses. Mais devant le manque d’écoute, ou plutôt l'indifférence des classes dirigeantes (politique et économique), un mouvement de résistance ne peut se permettre l'inefficacité s’il veut arriver à ses fins, s’il veut faire une différence. Une des faiblesses des #occupy, c’est d’être resté sur le terrain contre-culturel, son refus de prendre position politiquement. Les indigné-e-s devront dépasser la contre-culture pour former un mouvement politique, non pas électoraliste, mais néanmoins démocratique. Il faut cesser d’avoir peur de s’inscrire dans une idéologie politique et de nommer nos ennemis pas leur nom: capitalistes, impérialistes, classe dominante...

Parce que le capitalisme est bel et bien une idéologie. Une idéologie qui, à force de coloniser chaque recoin de la planète, chaque aspect de nos vies jusqu’à notre biologie même, est devenue totale et sans en-dehors. Elle peut donc affirmer, illusoirement, être hors du politique parce qu’au dessus du politique. Mais ce n’est que sur ce terrain, avec des armes théoriques bien aiguisées, que nous pourrons le vaincre.

Pour une analyse radicale de la situation

Devant l'échec du moyen de résistance passif qu’ont adopté les mouvements d’occupations, il est temps que, par la légitimité de leur colère, les indigné-e-s passent à une autre étape. Il ne faut pas laisser le champ libre au capitalisme, il faut lui bloquer la route encore et jusqu'à sa mort définitive. Pour changer l'ordre existant, l'indigné-e convaincu-e devra dépasser la résistance passive et agir activement afin de détruire les problèmes à leur racine. Il faudra de même dépasser le simple réformisme et opter pour des solutions radicales, voire révolutionnaires, car il ne sera jamais assez répété que le problème c’est le système, c’est le capitalisme lui-même!

La voix électorale peut sembler tentante, surtout quand le parti officiel de la “gauche québécoise unie” démontre son appui et invite à joindre ses rangs. Mais les indigné-e-s ne sont pas dupes, s’ils et elles étaient dans la rue, c’est qu’ils et elles comprennent que le pouvoir n’est pas en chambre parlementaire. Agir politiquement n’est pas synonyme de militantisme partisan. L'implication ne peut non plus se réduire à poser son vote sur un bout de papier. Le vrai pouvoir est dans la rue. Il n’en tient qu’à nous de le prendre. Ce n'est pas en élisant de meilleurs maîtres que nos conditions de vie changeront; il ne faut compter que sur nos propres moyens. La véritable démocratie est directe et participative non pas parlementaire. Parce qu'un million de têtes valent mieux qu'une!

Par ailleurs, le refus à tout prix de la violence ne fait que faciliter le travail de répression des services de police qui n'attendent que les ordres de leurs maîtres pour aller “casser du hippies”. La violence étatique et économique elle, est bien réelle et quotidiennement vécue par des milliards d'êtres humains. C'est cette violence pas forcément physique, plus subtile, qui pénètre jusque dans la psyché des individus pour les rendre coupables de ne pas avoir de dents assez blanches, de ne pas être assez riches ou de ne pas avoir le dernier modèle de rasoir électrique. C'est aussi cette violence qui met à la rue chaque année des dizaines de milliers de travailleurs et de travailleuses parce que leurs conditions d'emploi ne permettaient pas à l'entreprise de faire le milliard de profit supplémentaire exigé par ses actionnaires.

Le néolibéralisme est une idéologie fondamentalement violente! La droite tente de nous l'enfoncer dans la gorge à coup de caps d'acier depuis plus de trente ans. Face à cette sauvagerie, notre indignation est justifiée et légitime. Si le sabotage ou le saccage de leurs biens matériels ne t’enchante pas, n’utilises pas la violence contre ceux et celles qui croient nécessaire ce type d’actions, ne serait-ce que pas cohérence avec le discours.

De même, la volonté absolue de respecter la loi, ne peut mener qu’à l’autorépression du mouvement. Il ne faut pas oublier que les lois sont faites par et pour la classe possédante, malgré ses beaux discours. Les autorités utiliseront toujours leur légitimité pseudo-démocratique pour nous faire taire; l’attitude de la mairie de Montréal ces derniers jours nous l’a bien démontré. L’injustice est déjà cautionnée par la loi; respecter une loi injuste fait de nous des ennemi-e-s de notre propre mouvement. N’attendons pas d’être considéré-e-s comme légaux-ales avant de se considérer nous-mêmes comme légitimes.

IL NE FAUT PAS S’ARRÊTER MAINTENANT!

La lutte ne fait que commencer, le mouvement d’indignation en est encore à ses premiers balbutiements. La crise du capitalisme est inévitable, le monde devra changer s’il veut survivre. Ayons confiance en l’humanité, et ayons espoir en un avenir meilleur, agissons en conséquence en alliant compréhension théorique des enjeux et application pratique de solutions adaptées aux problèmes réels. Agir efficacement, de façon organisée pour faire tomber ce système organisé d’injustices et d’inégalités, voilà le véritable défi de tout mouvement de résistance actuel. Ceci est une invitation à continuer l’implication et à pousser la lutte un cran plus loin, jusqu’à la victoire!



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