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[Occupons Rio] Le mouvement de l’et cætera

Anonyme, Martes, Noviembre 22, 2011 - 12:35

Bruno Cava, da OcupaRio / Trad.: Cristiano Fagundes, da OcupaRio

Comme dans un forum social, mille choses se passent en même temps et c’est comme ça que tout se déploie.
— Rodrigo Bertame au Occupons Rio.

Le camping à Rio compléte dix jours. Pour ceux qui y sont jour et nuit, beaucoup plus. L’ocupation n’a pas seulement transformé radicalement l’espace, mais le temps aussi. Il est devenu plus épais et plus riche, débordant d’instants créatifs et inespérés. Si la place de la Cinelândia, au centre de Rio, portait déjà ses chroniques quotidiennes, maintenant elles se multiplient au millier. Chaque jour est un monde entier, mille choses se passent en même temps.

L’histoire du camping est l’histoire de ses rencontres, de ses convergences et divergences. Les risques du départ, les pulsions d’identité et de consensus n’ont plus aucun sens. Au delà d’un collectif autogéré, ce camping se construit comme un trafic routier. Il ne s’agit pas d’une autogestion comme autosuffisance, mais comme autonomie. Il n’y a pas un dedans et un dehors, pas de rituel pour ceux qui arrivent ,d’y prendre partie en s’identifiant auprès des “plus anciens” occupants. Il suffit d’y être ! De faire. Et on y est automatiquement dedans. Les assemblées du départ se sont réduites et le camping s’est débureaucratisé. Elles ne sont plus vues comme chose substantielle ou axes d’un processus, mais juste un moment ; son importance, tout de même, est préservée. Aucune structure ne peut représenter les éléments de créativité, mutation, résistance, de réinvention quotidienne. Traversée de tous ses côtés, la place occupée s’amalgame aux flux de la ville et à ses demandes concrètes.

À chaque jour, Occupons Rio se qualifie, s’intensifie, s’autovalorise. On compte plus de 150 tentes. Il y a des générateurs d’énergie, des réfectoires, de petits ateliers, des laboratoires théoriques, des plateaux, un microphone ouvert. Il y a des groupes de travail (GT) plus ou moins constants (d’alimentation, d’activités, de sécurité, théorie, queer, arts et culture, anthropophagie etc), de non-travail, groupes d’affinité, collectifs auto-constitués et même un GT’aime. Les jeunes d’entre 20 et 30 ans y prédominent, mais tous les âges sont représentées. C’est une dynamique à longue manche, sans liders ou groupes prépondérants. S’il y a des punks, ils ne se limitent pas à l’anarchie facile ; des autogestionnaires ne veulent pas s’isoler ; les marxistes ne portent pas leurs marximètres ; les hackers apprennent à danser. On construit au commun des relations, au déroulement de l’instant, sans préoccupations excessives de consensus. C’est un mouvement de l’ et cætera. Un immense, hétérogène et inqualifiable et cætera. C’est pour cela qu’il est inutile pour l’assemblée d’avoir peur et de se préocuper avec les risques d’oportunistes et malveillants, comme si on avait pour mission de “proteger” les gens et de preserver une pureté du mouvement. Ils en ont pas besoin, personne n’est bête ici. Ce sont comme des chats, conçus pauvres et libres.

A-t-on déjà vu un troupeau de chats?

Cet et cætera n’est pas représenté par la politique institutionnelle, la grande presse, la culture commerciale. Son désir d’exister n’était pas annoncé, ne s’articulait point, ne se fesait pas percevoir ou était apperçu. Dans un processus dynamique, l’et cætera se compose comme classe. Il acquiert non seulement une voix en chœur, mais plusieurs. À la place de ligne éditoriale ou politique, comme les partis et les grands journaux se présentent, on a ici une polyphonie. Ce qui n’est pas n’importe quoi. Il suffit de rappeler comment les appartchiks du parti d’extrême-gauche PSTU et l’agenda anticorruption du magazine Veja ont été spontanément refusés.

Il y a des articulations avec les mouvements contre les déplacements des habitations en vue des grands évènements comme la Coupe du Monde et les jeux Olympiques, le “choc d’ordre” imposé par la mairie, le modèle de développement de Belo Monte, le système pénal séléctif et raciste, l’incrimination des mouvements sociaux, pour la reconnaissance du marché informel, de la culture libre, pour une éducation plus qualifiée et ouverte, pour la liberté de transit (passe livre), pour une démocratie réelle au delà de la représentation de l’État et du marché. Si Occupons Rio est à gauche, ce n’est certainement pas cette gauche qui gouverne le pays, de l’appareillage partisan ou au fil rouge de l’académie. Et on entend souvent dans les débats le mot “capitalisme”. Des laboratoires de lecture sont formés, comme celui sur Multitude (Antonio Negri, Michael Hardt). Tout est trés politisé. On peut arriver pour le loisir d’un camping d’été et se retrouver en train de faire de la politique à fond, et parfois le contraire : on y vient pour faire de la politique et on se retrouve dans un camping d’été. Et et cætera!

Dailleurs, tout est à la dimension politique. Il n’y a pas de séparation entre la pratique et la politique. Quand on délibère sur la sécurité, on évite d’y reproduire une police, il faut repenser les relations avec les sans-abri, avec les commerçants informels, la police municipale, les picpockets matinaux qui “font un gain” dans la place et, peut être, de retrouver des convergences pour les rapprocher. Même la nourriture n’est pas un problème interne puisqu’on n’y cultive rien ; elle vient de la ville, elle dépend de relations.

Occupons Rio n’a pas de date prévue de conclusion. Il s’agit d’une manifestation permanente et mutante. Grâce aux médias sociaux elle peut se dérouler dans la place ou dans la rue, se re-virtualiser à nouveau et ainsi successivement. Réel et virtuel ne s’opposent pas. Si demain les pouvoirs constitués font preuve de couardise en recourant à la violence, le mouvement continuera et s’agrandira. Aprés tout, ces gens sont les mêmes. Ou mieux, ne sont plus les mêmes.

Bruno Cava, da OcupaRio / Trad.: Cristiano Fagundes, da OcupaRio



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