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Réflexions sur le mouvement étudiant en Italie

mihelich, Martes, Diciembre 21, 2010 - 18:41

Traduction d'un article en italien qui revient sur la manifestation de mardi, le 14 décembre à Rome. Ce texte a été publié par la section italienne de la Tendance Communiste Internationaliste. Au moment où je soumet ce texte sur CMAQ (21-12-2010), nous sommes à quelques heures d'une nouvelle manifestation là-bas.
- Richard St-Pierre, pour le Groupe Internationaliste Ouvrier

De Londres à Rome, la contestation étudiante s’enflamme contre les restrictions, contre la crise

Réflexions sur le mouvement étudiant

Cette réflexion sur le mouvement italien (il en est de même en Angleterre) montre que les luttes actuelles quelles qu’elles soient - même si elles n’ont pas de mots d’ordre clairs - expriment autre chose qu’une simple bataille pour ces objectifs immédiatement apparents. Elles expriment une rage contre la vie que nous offre le système pour demain. La rage confuse ne suffit pas pour se débarrasser de ce système qui ne fonctionne plus et qui ne nous offre que la misère.

Nous remercions l’effort de traduction de cet article effectué par des camarades de la revue Controverses (http://www.leftcommunism.org/).

Une première constatation évidente : ce n'est pas l'entière « masse des manifestants » qui s’est affrontée aux forces de l'ordre sur la place del Popolo et sur la rue du Corso, mais, plus particulièrement, une partie de ceux qui se sont joints au rendez-vous du 14 décembre, déterminés à donner vie à une contestation forte et violente contre le gouvernement, l'État et à leurs défenseurs : les forces de l'ordre. De même, il serait aussi réducteur d'affirmer que les affrontements ont été le fruit des seuls Black-blocs et/ou de policiers infiltrés dans la manifestation.

La vérité est beaucoup plus simple que les prétendues manipulations pacifistes ou de la droite : maintenant il y a trois années et demi que la crise a éclaté, et les jeunes se rendent de plus en plus compte qu'on ne leur réserve aucun futur, et qu'il leur sera demandé de payer pour une crise qu'ils n'ont pas produite et qu'ils n'ont aucun outil politique ou syndical capable de représenter leurs préoccupations. C'est essentiellement le sentiment général parmi les étudiants, et il est évident que lorsque les extrémistes sont arrivés sur la place avec la ferme intention « d'élever le niveau de la lutte », la plupart d'entre les étudiants semblaient en mesure d'affirmer qu'ils n'avaient pas tous les torts, la plupart n'ont pu éviter de constater que deux heures de guérilla urbaine, une centaine de blessés, 23 arrestations, sont bien peu de choses face à la violence quotidienne que ce système décadent produit en terme d'oppression, de précarité, de licenciements, de désespoir, de misère et de guerres. Il ne faut donc pas s'étonner si parmi ces jeunes en colère une partie d'entre eux ait participé aux affrontements contre les forces de l'ordre.

La place del Popolo nous a offert un aperçu précis de la situation politique de la jeunesse prolétarienne et petite-bourgeoise actuelle.

• L'aile plus modérée, invariablement liée aux institutions et opportuniste (Unis contre la crise-désobéissants) pèse encore d'un grand poids, en particulier du point de vue organisationnel, bien que son discours politique soit basé principalement sur la redistribution des revenus et le compromis avec les institutions parlementaires, il apparait plus précisément, d'année en année, que ses paroles ne sont que du vent.

• La grande masse des étudiants est laissée complètement à l'abandon, privée de liens avec les traditions politiques du passé, incapable de se construire une identité propre, profondément effrayée d'un futur toujours plus sombre.

• La composante classiste du mouvement est extrêmement minoritaire et très souvent manque du courage de s'exprimer. En outre, nombre d'entre eux et de groupes organisés, bien qu'ayant une base en soi de classe, souvent la réprime dans la pratique politique quotidienne, se reposant sur la situation plutôt que de pousser à une opposition de classe. Nous saluons avec plaisir les tentatives de certains étudiants visant à s'extraire de l'ambiance estudiantine et de chercher une autre voie et d'autres préoccupations dans la réalité du travail. Il faut espérer que ces quelques faits se généraliseront et muriront toujours plus dans un sens de classe.

• Les franges de l' « extrémisme de gauche » italien, sont composées d’ex-néo-vétérans-post-autonomistes, quelques ultras, de quelques staliniens et d'anarchistes. Ceux là – bien qu'ils prétendent raisonner en termes de classes et anticapitalistes – ont démontré avec encore plus de force leur incapacité à développer une analyse cohérente du présent, et par dessus tout, à avancer un projet crédible pour le dépassement révolutionnaire du capitalisme.

C'est en particulier sur ce dernier terrain que le 14 s'est imposé et, par le seul moyen d'aller à l'affrontement, a cherché à apporter sa contribution à la « reprise de la conflictualité antagonique » en Italie. Affirmant notre solidarité inconditionnelle envers les 23 emprisonnés et les jeunes blessés, nous tenons à développer quelques réflexions utiles au futur et positif développement du mouvement contre les attaques et la crise.

• Les mots d'ordre mis en avant dans le mouvement sont inadéquats : il ne suffit pas d'être contre Berlusconi et ses ministres, contre les forces de répression bourgeoises et contre la police. La question est bien plus ample. Ce que la rue doit exprimer c'est la nécessité que le conflit s'étende avant tout sur les lieux de travail, hors et contre la logique syndicale. La perspective que le mouvement devrait se donner c'est celle du dépassement du capitalisme et de sa crise, la perspective du communisme.

• Il ne sert pas à grand chose de manifester devant le parlement quant celui-ci est le comité de défense des intérêts de la classe dominante : le mouvement devrait se poser fermement la question de se tourner vers les banlieues (faubourgs) et de s'adresser aux prolétaires touchés par la crise pour développer la lutte des classes, à partir des lieux de travail et du pays, cela seul pourra mettre en discussion le capitalisme et sa crise.

• Ce n'est pas à travers les affrontements de rue en soi - comme celui de l'antifascisme militant – que s'élève le niveau de conscience de classe, mais plutôt en dénonçant l'exploitation, les mesures d’austérités et la violence auxquels recourt la classe dominante pour résoudre les problèmes résultant de sa crise.

• Tant que la perspective de la lutte des classes et de la nécessité de dépasser le capitalisme ne sera pas clarifiée, toutes les formes de conflit y compris les affrontements avec les forces de l'ordre bourgeois ne pourront que s'enfermer dans une optique de réforme du système. Créer des affrontements violents ne signifie pas en soi être révolutionnaires, mais peut signifier aussi qu'on utilise des moyens violents pour imposer des réformes (même sous une forme radicale) du système, indépendamment des intentions subjectives.

• La violence est immanente au système, mais c'est une chose que de défendre un cortège, défendre une lutte, être déterminés à réaliser un objectif anticapitaliste -dans ce cas la « violence » de la rue est partagée -, c'est autre chose que de créer des affrontements pour parvenir symboliquement devant le parlement.

• En absence d'une intervention de l'avant garde communiste, la colère qui bouillonne confusément -surtout dans les nouvelles générations - et la généreuse flamme de la révolte sont destinées à être récupérées-réprimées par le système, sans pouvoir accomplir l'indispensable saut qualitatif anticapitaliste.

Nous, communistes internationalistes, avons été et serons toujours dans les luttes pour élever le niveau de la lutte de classe et de la conscience révolutionnaire du prolétariat jusqu'à ce que cet infâme système soit dépassé une fois pour toutes.

Parti Communiste Internationaliste (Battaglia Comunista)

Site de la Tendance Communiste Internationaliste
www.leftcom.org/fr


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