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À la mémoire de Rachel Corrie

Eric Smith, Lunes, Diciembre 17, 2007 - 21:11

Le Drapeau rouge-express

Il ne reste que quelques jours aux amateurs et amatrices de théâtre de la région montréalaise pour aller voir l'exceptionnelle pièce intitulée My Name Is Rachel Corrie, qui met en scène l'histoire trop courte de cette jeune militante états-unienne morte écrasée par un bulldozer israélien dans la bande de Gaza, en mars 2003.

À titre de volontaire du Mouvement de solidarité internationale, Rachel Corrie, 23 ans, s'était interposée avec d'autres militantEs alors que l'armée israélienne s'apprêtait à détruire des maisons de civilEs palestinienNEs, dans l'une de ses innombrables opérations de représailles visant à écraser la résistance du peuple palestinien.

Dans l'édition du 6 décembre dernier de l'hebdomadaire Hour, un camarade de Rachel Corrie, Greg Schnabel, raconte les circonstances dramatiques de son assassinat, dont il a été témoin: «En compagnie de six autres membres de notre groupe, Rachel et moi avons tenté de nous interposer entre les bulldozers et les habitations que l'armée israélienne s'apprêtait à détruire, à Rafah. Un bulldozer s'est alors approché à une dizaine de mètres de Rachel. Il a continué à avancer vers elle, pour finir par remuer le terrain sous ses pieds. Rachel a alors croulé sous le bulldozer. Elle s'est d'abord débattue pour tenter de s'en sortir. Mais le bulldozer a continué à avancer, malgré nos cris. Puis, l'opérateur a reculé en gardant sa pelle au sol, écrasant ainsi Rachel de nouveau -- après quoi, il s'est enfui rapidement. Nous nous sommes alors dirigés vers elle et nous lui avons tenu la main, jusqu'à ce qu'elle perde conscience et meurt sous nos yeux.»

Avec la permission de la famille Corrie, l'acteur Alan Rickman et une journaliste du quotidien The Guardian, Katharine Viner, ont eu accès au journal personnel et aux messages envoyés par Rachel à sa famille alors qu'elle séjournait en Palestine, et en ont fait une pièce de théâtre. L'œuvre fut d'abord présentée au Royal Court, à Londres, au printemps 2005. En dépit du fait qu'elle y a remporté un vif succès, des compagnies de théâtre de New York et de Toronto, qui devaient aussi la présenter, ont par la suite annulé sa production, cédant aux menaces du lobby sioniste.

La pièce est maintenant présentée à Montréal depuis déjà quelques jours, à l'initiative de la compagnie Teesrie Duniya et du neworldtheatre de Vancouver, dans une nouvelle mise en scène signée Sarah Stanley et Marcus Youssef. Seule sur scène, l'actrice vancouvéroise Adrienne Wong incarne la jeune internationaliste, dont la mort met en lumière la grande tragédie du peuple palestinien, mais aussi l'immense potentiel de solidarité et d'humanité que portent des millions de gens de tous les horizons, partout sur la planète.

Quelques-unes des lettres de Rachel ont été traduites en français et ont été publiées, accompagnées des photos de son assassinat (assez insoutenables, précisons-le), sur ce site Web: www.europalestine.com/article.php3?id_article=613

À peine trois semaines avant de perdre la vie, elle racontait à sa mère le cauchemar de la vie quotidienne sous l'occupation israélienne et ajoutait: «Je ne peux pas croire que des choses comme celles-là puissent arriver dans le monde sans provoquer une clameur générale. Cela me blesse encore, comme cela m'a blessée dans le passé, d'être le témoin de ce que nous laissons faire d'abominable au monde... Être venue ici est l'une des meilleurs choses que j'ai jamais faites. Aussi quand je parais cinglée, ou si l'armée israélienne rompait avec sa tendance raciste de ne pas blesser les blancs [et donc qu'il m'arrivait quelque chose], s'il te plaît imputes-en honnêtement la raison au fait que je suis au milieu d'un génocide [...] dont mon gouvernement est largement responsable.»

Si jeune, mais pleinement consciente de la réalité du monde dans lequel on vit, Rachel Corrie a posé le plus beau geste qui soit, et le plus significatif, en décidant d'agir et de donner le meilleur d'elle-même pour changer les choses. Son histoire et ses propos empreints d'une grande lucidité et d'une détermination inouïe méritent d'emblée d'avoir été portés sur les planches.

Que la critique du quotidien La Presse y ait vu «moins un objet de théâtre qu'un pamphlet pro-palestinien» ne change rien à la pertinence de cette production. Sylvie St-Jacques (c'est son nom) se plaint d'avoir eu droit «à un discours pro-palestinien». Elle se fie à ce qu'elle a perçu comme «les regards sceptiques des autres spectateurs» (sic) pour se faire sa propre idée. Elle écrit qu'elle s'est senti «flouée». C'est bien tant pis pour elle. Une chose est sûre, c'est que le monde injuste et trop souvent insupportable dans lequel on vit a bien plus besoin d'une Rachel Corrie que des commentaires frustrés d'une «critique» à cinq sous dont l'inutilité n'a d'égale que l'insignifiance.

My Name Is Rachel Corrie est présentée mercredi, jeudi et vendredi à 20h30 au Monument-National, situé au 1182, boul. Saint-Laurent, à Montréal; la dernière représentation aura lieu samedi à 14h00.

(À noter qu'une intéressante entrevue avec les parents de Rachel a été publiée dans l'hebdomadaire Revolution du RCP,USA, au www.rwor.org/a/070/rachel-en.html )

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 163, le 16 décembre 2007.
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