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Un cri de détresse

Anarkhia Webmaster, Domingo, Mayo 20, 2007 - 13:33

AnarchOi

Article publié dans le numéro 8 de Anarkhia, Sortie le 19 mai 2007.

Publié dans : Anarkhia #8 (mai 2007)

Depuis une éternité maintenant, nous entendons des critiques non-constructives et même plutôt contre-productives dans notre recherche de cohérence révolutionnaire. Les couteaux volent bas chez les anarchistes de toutes les tendances et cela personne ne peut en être exempt. En effet, dans toutes les écoles et les tendances, il y a des luttes intestines, voir même de chapelles. Loin de moi ici l’idée de révéler la solution miracle aux problèmes infantiles de l’anarchisme, ce texte a pour but de remettre en question l’idée préconçue sur ce que doit être le mode organisationnel anarchiste ainsi que la théorie révolutionnaire exemplaire. Je remarque que de régions en régions la mentalité diffère, certains sont plus ouverts que d’autres et d’autres plus sectaires ou s’en rapprochent dangereusement, malgré que je ne croie pas que cela soit quelque chose de conscient et de voulu. Il se crée une routine, voir même des automatismes dans le milieu, que je trouve déplorable surtout que les anarchistes au Québec ne sont pas très portés vers la discussion. Donc d’un coté, nous avons un amas de critiques qui sont fondées sur des théories ou bien des agissements d’individus et, de l’autre, nous avons peu voir même aucune écoute ou discussion ouverte pour les développer et les faire évoluer.

Ce que je déplore surtout actuellement, c’est que nombreux sont les anarchistes qui prennent une théorie ou une idée d’une personne, l’appliquent (si possible), la revendiquent, mais s’y abandonnent complètement en s’oubliant soi-même, en oubliant la société et la multitude de facteurs cruciaux à l’établissement de ladite théorie. La voie la plus facile est utilisée même pour les anarchistes pour éviter les contradictions, alors la discussion (s’il y a) devient purement théorique et intemporelle. Ce qui enlève à sa crédibilité et sa viabilité.

Comme le disait si bien Émile Henry dans la Lettre au directeur de la Conciergerie, 1894 : « Nous ne sommes pas des "croyants", nous ne nous inclinons ni devant Reclus, ni devant Kropotkine, nous discutons leurs idées, nous les acceptons quand elles développent dans nos cerveaux des impressions sympathiques, mais nous les repoussons quand elles ne font rien vibrer en nous ». Je ne crois pas devoir développer davantage mon propos. Maintenant pour y remédier, il n’y a aucun moyen « organisationnel » . C’est aux anarchistes à le faire, encore loin de moi l’idée de l’élitisme révolutionnaire ou l’exclusion de certains. Je suis bien sûr contre toute contrainte physique ou bien acharnement contre des individus ou collectifs. Mes positions sur ce point sont bien entendues les mêmes que certains individualistes et par-là j’entends comme le disait Léo Ferré en 1984 à la fin de son enregistrement public : « Avant de faire la révolution dans la rue, il faut la faire dans la tête » .
Pour conclure cet article, que je dédie à la communauté anarchiste québécoise, j’aimerais que les gens ne voient non pas mes visions personnelles du mouvement actuel (étant donné que nos perceptions sont toutes différentes), mais bien le besoin de le critiquer, ce qui est capital. J’aimerais donc que les gens retiennent que pour être anarchiste, il ne suffit pas de se présenter aux manifestations, il faut réviser notre manière d’agir, la lutte ne se fait pas que dans la rue, elle se doit d’être sur tous les fronts, de manière à rendre impossible l’isolement du mouvement dans des sectes qui ne prêchent que pour les convertis!

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« La bataille anarchiste est multiforme, chacun la conduit selon ses forces, son tempérament, ses tendances, ses préférences. Si le plus grand nombre se recherche, s’organisent pour multiplier leur force dans l’union, d’autres préfèrent se battre seuls ou en ordre dispersé ; les uns entrent dans le mouvement ouvrier et syndicaliste qu’ils animent de toute leur force, les autres préfèrent s’en tenir au rôle d’agitateurs d’idées dans les groupes de propagande. Mais, qu’ils ne donnent peu ou beaucoup d’eux-mêmes, les anarchistes ne demandent rien au peuple, ni voix, ni places privilégiées et ils restent parmi les ouvriers et les combattants pour la liberté, qu’ils considèrent comme leurs égaux. »
Qu’est-ce que l’anarchie?, Luigi Fabbri

AnarchOi
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