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Nietzsche s'est trompé

philippe beaudoin, Sábado, Junio 19, 2004 - 19:08

Philippe Beaudoin Legault

D'un côté les Évangélistes. De l'autre les Islamistes. Deux bataillons dont la matière grise - grièvement aliénée - n'a d'oeil que pour une cause: le triomphe d'une foi unique. Le contexte guerrier actuel montre bien que Dieu est tout sauf mort. Dieu en tant qu'Institution n'a jamais été aussi puissant. God ou Allah, le nom du divin soulève toujours les masses, endosse des causes de plus en plus terrifiantes.

Dieu est mort. Trois mots qui ornent la porte du frigo de ma cousine. Une formule, concise, mille fois entendue. Celle de ce vieux prof de littérature ou de philo pas plus mauvais que les autres. Il la mâche chaque année en entamant un autre interminable chapitre d'un cours aussi long et monotone qu'un vieux vinyl de Nana Mouskouri. Un Best of. Dieu est mort. Il laisse dans le deuil son ti jésus d'plâtre. L'apothéose du négativisme nietzschéen, parodié par le nihilisme moderne: un mensonge.

Dieu en tant qu'institution n'a jamais été aussi fort. Jamais son nom n'aura servi à d'aussi vils prétextes. In god we trust / Inch Allah. Les deux slogans n'ont d'ironique que leur similitude. D'un côté les Évangélistes. De l'autre les Islamistes. Deux bataillons dont la matière grise - grièvement aliénée - n'a d'oeil que pour une cause: le triomphe d'une foi unique.

Car ces mêmes Évangélistes, ces pro-sionistes qui contrôlent le Sénat américain -certains détiennent des sièges, d'autres des compagnies, tous font du lobbying sur le dos du Seigneur - ceux-là mêmes organisent des pèllerinages dans les lieux saints de Jérusalem égratignant au passage un climat d'austérité déjà instable. Leurs défilés bruyants, maquillés en processions, sont ponctués de provocations futiles à l'égard des Musulmans. Souvent, ils sont l'étincelle de trop, celle qui met le feu aux poudres.

Quant à Mister Bush... S'il ne se réclame ouvertement évangéliste, il provient d'un bled où leurs réprésentants sont solidement implantés. Et il permet de telles processions. Alors qu'un peu plus au sud, ses troupes multipliant les revers et les compromis, rétablissent le statu quo en Irak et se mettent à dos toute la communauté musulmane. Alors que la plus grande armée du monde se plonge dans la déconfiture soi-disant au nom de quoi? de la Démocratie??? Chaque fois que Bush prononce ce mot, il plane une vague odeur de pétrole.

Car au même moment, aux States: de plus en plus de jeunes américains pauvres, et moins d'argent pour les programmes sociaux...Pour investir où? Dans une fausse impression de sécurité et tout cet apanage militaire. Vivre en démocratie veut dire vivre selon la volonté populaire. Et si l'Amérique est à l'heure des choix, elle semble opter pour la peur. Une peur qui mène à la folie sous couvert de guerre sainte. Dieu est bien vivant. Les Américains l'implorent toujours lors de la messe du Dimanche, à la cérémonie des Oscars; ils en ont toujours aussi peur. Puisque c'est pour le même Dieu mais pour un autre prophète que des barbares barbus font voler des tours.

Voilà les clivages entre le Bien et le Mal qui s'estompent, l'incomphéhension qui grimpe, les morts qui se multiplient dans les deux camps qui dangeureusement commencent à se ressembler... Ces valeureux Marines hier trônaient fièrement sur la couverture du Times. Aujourd'hui, ils éclaboussent les ondes de leurs immondices perverses. Les images se répendent jusqu'à CNN, la planète crie d'horreur devant l'outrage. "We found it funny", dit la soldate. Le Pentagone, lui, rit jaune. Quelques semaines plus tard un otage américain est décapité par Al Quaïda. Le pendule revient au rouge.

La folie si elle est nourrie par une foi aveugle l'emportera toujours. Certes, Nietzsche à son époque, observant la société occidentale déjà tournée vers un consumérisme déspiritualisant et fataliste a pu jouer les prophètes. Mais si tous ceux qui actuellement croient parler au nom du divin en sont de dignes messagers, Dieu n'est pas mort... il est devenu fou à lié.

Site internet d'un magazine alternatif basé à Vancouver, souvent porté vers la critique sociale du capitalisme et de l'impérialisme américain. Penchant canadien de Casseurs de Pubs...en anglais.
www.adbusters.com


Asunto: 
God revisited
Autor: 
Louise-Ann Maher
Fecha: 
Dom, 2004-06-20 01:53

"Dieu est mort", signé Nietzsche
"Nietzsche est mort", signé Dieu.

Ce n'est pas Dieu qui est fou ce sont les hommes; vous devriez nuancer.


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Asunto: 
@ Dimadi
Autor: 
Jésus
Fecha: 
Sáb, 2004-07-31 03:50

Vous avez écrit:

"Tant qu'il y aura de la souffrance, il y aura du ressentiment"

Pas nécessairement... le pardon existe...

De nos jours... ce pardon est démodé et qualifié de naif... mais c'est aussi en quelque sorte... scientifiquement et logiquement, la seule solution pour se sortir du cercle vicieux dans lequel l'humanité se retrouve...

Pas un pardon UNIQUEMENT pour l'autre....mais pour SOI

Jésus


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Asunto: 
@ Jésus
Autor: 
Dimadi
Fecha: 
Mar, 2004-11-09 14:23

Commentaire très édifiant et auquel je me rallie à 100%

Mon intervention n'avait nullement pour but de dramatiser de façon absurdement pessimiste une situation qui, comme vous le soulignez, recèle bel et bien des avenues de solution ouvertes du moins à qui sait faire preuve de relativisme et d'humanité. Je voulais simplement faire l'apologie d'un Nietzshe selon moi mal compris, mal interprété, sorti de son contexte. "Dieu est mort" était l'expression formalisée d'une réaction philosphique au nihilisme russe émergent au début 20ème siècle. De mon point de vue, cela n'a aucun rapport avec les évènements que l'auteur du présent article cherche à lui relier et je souhaitais exprimer mon désaccord avec l'interprétation littérale qu'il en fait.

Dimadi


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Asunto: 
Au contraire !
Autor: 
Dimadi
Fecha: 
Lun, 2004-06-21 12:13

Quand Nietzshe dit "Dieu est mort", il ne parle pas de la religion ! Il faut y voir au contraire une exonération à rejeter l'idéal ascétique; l'aliénation "salvatrice" proposées par ses zélateurs. D'ailleurs, ne dit-on pas d'eux qu'ils sont une espèce "hostile à la vie" ? Quoi de plus naturel alors qu'on les voit frayer avec la haine, la provocation, l'incompréhension propres aux extrémistes de tout accabit.

Le problème se trouve là où, aussi paradoxal que cela puisse paraître - et Nietzshe ne manque pas de le faire remarquer - le phénomène s'engendre lui-même, générant toujours de part et d'autre d'avantage de dégénérescence morale: "Le non qu'il dit à la vie fait naître comme par un enchantement une abondance de "oui" plus délicats; lors même qu'il se blesse, c'est après coup la blessure même qui le contraint à vivre"

En d'autres mots, la souffrance consiste en de multiples cercles vicieux. Tant qu'il y aura de la souffrance, il y aura du ressentiment; et il se trouvera toujours des gens mal intentionnés pour le dévier. Que l'on cherche à se payer sur soi-même ou sur une cible facile, politique; L'Afghanistan, l'Irak... le grand coupable demeure toujours le même, et ce n'est pas Dieu. "Il n'y a pas de raison immanente, pas d'idée de la liberté, pas de sujet maître de l'histoire, pas d'héritage, pas de happy end..." Quand les tours sont tombées, jamais il ne fut question d'empêcher qu'un autre évènement du genre se reproduise. A-t-on cessé d'opprimer les peuples du monde ? Celui qui souffre, qui éprouve la peur, cherche invariablement quelqu'un sur qui cracher ses affects. Et c'est bien ce qui se passa. Il ne faut pas pervertir. Il faut comprendre !


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