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Les organismes communautaires menacés

JulienBoudreault, Sábado, Diciembre 20, 2003 - 13:55

Julien Boudreault

Le projet de loi 25, adopté par bâillon cette semaine, menace le financement et l'autonomie des groupes communautaires.

«Ce à quoi on s’attend, c’est que des organismes vont disparaître. Il va y avoir moins d’aide aux personnes démunies». Annie Mailloux, intervenante à l’épicerie populaire La Recette à Chicoutimi, résume ainsi l’inquiétude des organismes communautaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean face à la philosophie du nouveau gouvernement, mais surtout face à son projet de loi no 25 sur les agences de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux, adopté au cours du bâillon massif de cette semaine.

La loi aboutira au remplacement des régies régionales par des réseaux composés d’un hôpital, d’un CLSC et d’un CHSLD avec à leur tête un seul conseil d’administration. Les 180 groupes communautaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean aidés financièrement par la Régie régionale risquent d’être touchés, d’une façon ou d’une autre.

Le coordonateur de la Table régionale des organismes communautaires (Latroc 02), Stéphane Savard, croit qu’ils seront beaucoup moins bien représentés sur ces éventuels conseils d’administration fusionnés. «C’est toujours le plus gros qui râfle la plus grosse part du gâteau», explique-t-il. Dans ce cas-ci, l’obèse gourmand, c’est l’hôpital. Face à ses besoins croissants, il risque de concentrer ses budgets dans le curatif aux dépens de la prévention assumée par les organismes communautaires.

Pour l’épicerie populaire La Recette, le programme de promotion-prévention représente 20 000$ et le programme de soutien aux organismes communautaires, 10 000$, sur un budget total de 100 000$. Ces deux subventions, administrées par la régie régionale, risquent d’être amputées pour répondre aux besoins plus urgents des hôpitaux. Selon Sylvie Dubord, organisatrice communautaire au CLSC du Grand Chicoutimi, les programmes risquent aussi d’être gérés à Québec plutôt qu’en région, ce qui nuira aux petits organismes locaux qui ne pourront se faire entendre aussi facilement.

Une occasion, explique Stéphane Savard, «d’importer le modèle albertain basé sur la non-récurrence des subventions». Rappelons que cet automne, Claude Béchard, ministre de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille, se demandait devant le Secrétariat à l’action communautaire autonome, «s’il n’y avait pas trop de groupes communautaires?»… (Lire à ce sujet le texte de Jacques Fournier dans l’Action nationale de novembre-décembre).

Selon Cécile Vermette, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’action communautaire autonome, «les groupes ont vraiment raison de se sentir fragilisés». Le Parti québécois suggère de verser aux futurs réseaux des «enveloppes protégées» destinées aux organismes pour éviter qu’ils soient «vampirisés».

L’autonomie du milieu communautaire serait aussi en jeu. Selon le projet de loi, les organismes seront inclus, par le biais d’ententes, dans un plan d’organisation de services intégrés. Pour le coordonateur de Latroc 02, ils seront ainsi contraints à un rôle de «sous-traitant»! Sylvie Dubord se demande, elle, si ceux qui ne signeront pas d’ententes formelles avec le réseau perdront leurs subventions. Cela remet en question le sens même de l’action communautaire, issue des besoins non comblés de la population, et non de la volonté gouvernementale.

Le bureau du ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, n’a pas retourné nos appels.

Recherchez le texte de Jacques Fournier
www.action-nationale.qc.ca


Asunto: 
autonomie mon cul
Autor: 
ronny
Fecha: 
Jue, 2003-12-25 14:55

moi ça me fait rire le concept d'autonomie du communautaire

autonomie mon cul, ouais, c'est pas à moi que vous ferez avaler vos salades, le mouvement communautaire (si on peut vraiment appeler ça un mouvement, c'est plutôt un réseau de jobs) est en perte d'autonomie depuis 15 ans!

le communautaire ne mord jamais la main qui le nourrit

bon ben continuez à protéger vos enveloppes et vos tites jobs, c'est encore ça que vous faites le mieux

ron


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Asunto: 
communautaire
Autor: 
girox
Fecha: 
Jue, 2003-12-25 18:26

Entièrement d'accord


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Asunto: 
Soumission
Autor: 
Louise-Anne Maher
Fecha: 
Jue, 2003-12-25 19:40

Le plus grand danger qui guette le mouvement communautaire c'est de se soumettre aux politiques du gouvernement Charest. Il y a beaucoup trop de fatalisme partout, nous allons nous faire imposer des politiques néolibérales sans réagir si ça continue.
Quand on voit la réaction des ploucs sur le CMAQ c'est bien un signe qu'on s'en va chez le diable.


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Asunto: 
on rigole bien ensembles
Autor: 
ronny
Fecha: 
Dom, 2003-12-28 16:12

quand je vois la réaction du type qui dit qu'il a pas été touché par mon petit commentaire, je me dit: WOW, kessé qu'il aurait écrit s'il été "touché", il m'aurait promis de me faire éclater la tête ou quoi ?!?

non, je blague, je sais que nous discutons entre gens "nuancés"

même que si le communautaire existerais pas, on serait toute une bande de tarés!!!!!!!!! HAHAHA

que c'est bô la modestie, les amiEs...

mais personne n'est venu me contredire sur le point fondamental, pour pas dire crucial de mon intervention:

LA PERTE D'AUTONOMIE DU COMMUNAUTAIRE

je ne suis pas dupe (et je préfère être assimilé à un plouc plutôt que de jouer aux intellos virtuels comme vous).

le gouvernement vous tiens en laisse et il veut racourcir la laisse et vous allez certe un peu beugler mais en bout de ligne, vous vous contentrez de ce que l'État va vous offrir comme vous l'avez toujours fait.

venez me dire le contraire qu'on rigole un peu!

vous êtes tous vraiment adorables!!

ron


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Asunto: 
Tentative de discussion...
Autor: 
stéphane
Fecha: 
Lun, 2003-12-29 21:46

Ron écrit: "quand je vois la réaction du type qui dit qu'il a pas été touché par mon petit commentaire, je me dit: WOW, kessé qu'il aurait écrit s'il été "touché", il m'aurait promis de me faire éclater la tête ou quoi ?!?"

Je te confirme que ton commentaire ne m'atteint pas personnellement dans ce que je suis par rapport à mon boulot. Les questions qui se dégagent de tes interventions sur le monde communautaire, je peux me les servir moi-même depuis longtemps (sans les insultes qui invalident plus qu'autre chose ton propos).

Tu m'attristes plutôt parce que c'est toi qui me semble embarquer à fond la caisse dans le jeu de l'État. Plusieurs groupes communautaires -- comme une bonne partie du monde syndical... celle-là est pour Nicolas ;-) -- forment un des rares ramparts contre les politiques néolibérales à la mode. Si des gens comme toi ne l'ont pas compris, dis-toi que Landry, Charest, Martin et le patronat, eux, sont pas mal moins arrêtés dans leurs idées...
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Ron ajoute: "mais personne n'est venu me contredire sur le point fondamental, pour pas dire crucial de mon intervention:
LA PERTE D'AUTONOMIE DU COMMUNAUTAIRE"

C'est vrai, la question de l'autonomie est importante. Je vais essayer d'y répondre dans la limite de mes connaissances.

Jusqu'au milieu des années '80, le communautaire était grosso modo financé sur la base de sa mission et d'une certaine reconnaissance par ses pairs. Une grande place était donc laissée à l'autonomie. Bien sûr, un groupe communautaire (ou "populaire", ce qui permettait de faire certaines distinctions) ne pouvait sortir de la légalité outre mesure. Au-delà de la désobéissance civile du genre "occupation non-violente", il prenait de gros risques face à ses bailleurs de fonds et aux flics. Il ne pouvait pas non plus avoir vraiment de buts révolutionnaires, étant tenu à la plus complète transparence par sa structure démocratique ouverte et la 3ème partie de la loi sur les compagnies (pas facile de développer une culture sécuritaire dans ce contexte).

Par contre, en principe, les décisions étaient prises par une assemblée générale souveraine. C'était le cas pour une mutitude de groupes (et encore aujourd'hui pour une bonne partie, celle que je te reproche de ne pas appuyer). Le plus souvent, ces groupes ne s'empêchaient pas de "mordre la main qui les nourrit", quand il n'en faisait pas le coeur de leur mission dans le cas des groupes de défense de droit. Bref, le communautaire était plus souvent qu'autrement une force progressiste agissante, venue de la base et contrôlée par celle-ci.

En plus de permettre le financement d'une multitude de services importants qui sont toujours offerts pour la plupart, le rapport de force entre le communautaire et l'État a amené aussi beaucoup de gains dans des secteurs tels que la santé (CLSC, sage-femme, avortement), la famille (garderie, allocations diverses), l'emploi (augmentation du salaire minimum, normes du travail), l'éducation (alphabétisation, éducation populaire), le logement (coops, HLM, Régie), etc. Des acquis qui sont actuellement dans la mire du Capital et de son valet l'État.

L'affaiblissement du mouvement communautaire s'est fait en plusieurs étapes. Dans les années '80, on a commencé par dénaturer sa mission en lui refusant un "numéro de charité" (patente qui permet de recevoir des dons, c'est-à-dire un financement sans condition) si cette mission ne s'adresse pas clairement à tous. Une belle façon d'évincer l'analyse de classe.

Une dizaine d'années plus tard, la réforme du code civile a enlevé, sur le plan légal, la souveraineté aux assemblées générales. C'est passé comme du beurre dans la poêle, officiellement pour rendre les conseils d'administration imputables en cas de mauvaise gestion (mais aussi de "libelle diffamatoire", entorse au "protocole d'entente" avec le ministère machin, etc.). Pour plusieurs groupes qui choisissent de respecter le code civil --certains n'ont pas le choix, d'autres sont juste pissous ou vendus--, cela signifie qu'il n'y a plus de place à la démocratie directe et qu'on peut menacer ou séduire les membres du conseil d'administration pour les faire agir à l'encontre de la communauté qu'ils sont censés représenter.

Arrive ensuite le fameux "déficit zéro" de Bouchard. Le P.Q. a relégué plusieurs services offerts depuis longtemps par l'État au domaine du communautaire ou du privé (dépendant que ce soit payant ou non). La sous-traitance communautaire, appelée gentiment "économie sociale", a mené à la création de beaucoup de groupes plus ou moins bidons et totallement assujettis à l'État.

Dans la même lignée et dernier en lice des coups portés par l'État au mouvement communautaire (en dehors des multiples coupures), il y a la fameuse "Politique de reconnaissance de l'action communautaire". Cette politique consacre diverses cochonneries telles que l'"approche par projet" plutôt qu'un financement de base récurrent et des évaluations dites "par résultat" selon la grille d'analyse d'un quelconque ministère.

Les questions de la "reconnaissance" et de l'"économie sociale" sont des erreurs pathétiques du mouvement communautaire: ces concepts sont nés de revendications historiques que le pouvoir a récupérées et dénaturées complètement. Par exemple, il était demandé depuis 20 ans de "reconnaitre l'action communautaire autonome" et on n'aura réussi qu'à faire glisser l'idée d'autonomie à quelques places dans un projet de loi qui sert avant tout des visées capitalistes.

Mais il existe des groupes communautaires qui ont résisté à toute cette logique. D'autres commencent à le faire...

Pour terminer sur l'autonomie: Je pense sincèrement qu'il faut protéger et appuyer le peu de groupes autonomes qu'il nous reste parce qu'ils continuent d'offrir des services qui n'ont rien de rentable (financièrement ou politiquement) à une grande partie de la population et aident encore sérieusement cette même population à se défendre contre qui l'attaque. Surtout, dans le présent contexte, il semble utopique de recevoir un financement permettant d'en créer de nouveaux.

Mais sur la question de créer de nouveaux groupes autonomes, personnellement, je trancherai lorsque je saurai si le Centre famille Haute-Ville arrivera à survivre sans se dénaturer. Le Centre famille est un tout jeune groupe de mon quartier, né de la détermination de plusieurs mamans, qui tente actuellement de recevoir des sous de la Régie régionnale de la Santé pour continuer d'offrir à sa guise un répis parental, une joujouthèque, des ateliers et toute sorte d'autres services importants pour le bien-être des familles.

Bien sûr, pour le Centre famille, si tout le monde s'en foutait ou semblait s'en amuser autant que toi, je ne pourrais conclure qu'à la bêtise générale. Mais, heureusement, une forte mobilisation est en train de se bâtir et on verra bien ce qui est encore possible...
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Ron écrit aussi "je ne suis pas dupe (et je préfère être assimilé à un plouc plutôt que de jouer aux intellos virtuels comme vous)."

Si tenter de répondre comme du monde à tes préjugés me fait passer pour quelqu'un qui joue à l'intello, je peux aussi répondre à ton niveau:

Continue de te vautrer dans la merde qui te sert d'analyse... Et le jour où tu auras besoin d'aide pour subvenir à tes besoins élémentaires ou ceux d'un entourage dont tu ne te crisseras pas (ce qui, de toutes évidences, n'est pas le cas pour l'instant), prie pour que les "bonnes âmes" de ta paroisse veuillent bien te faire la charité. C'est tout ce qui te restera.
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Convaincu plus que jamais, Ron-le-sage écrit finalement: "venez me dire le contraire qu'on rigole un peu!"

Si c'est tout ce que tu souhaites de cet échange, rire tout seul, j'ai beaucoup mieux à faire que de jouer au coq avec toi. De mon côté, je suis sincèrement prêt à chercher des formes d'organisation plus efficaces, autonomes et solidaires que celle pour laquelle je bosse.


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Asunto: 
...
Autor: 
Nicolas
Fecha: 
Vie, 2003-12-26 13:00

Que c'est beau la nuance...


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Asunto: 
...
Autor: 
Nicolas
Fecha: 
Vie, 2003-12-26 19:47

On aura compris que mon commentaire "que c'est beau la nuance" s'adressait à Ronnie et non à Stéphane (avec qui je suis assez d'accord sur ce point ;-)


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Asunto: 
Bête à mourir
Autor: 
stéphane
Fecha: 
Vie, 2003-12-26 17:35

Je l'avoue sans honte: je travaille pour un groupe communautaire.

Le mépris gratuit et les préjugées des concombres de ton espèce ne me touche pas vraiment. J'y suis habitué, même si ça surprend toujours un peu quand ça provient de supposéEs "militantEs" qui ne comprennent strictement rien à l'importance de ce qu'on fait pour la simple raison qu'il n'ont pas l'humilité de confronter leur idéologie cheap à la réalité... Heureusement, je n'ai pas besoin de toi pour connaître la valeur de mon boulot.

En fait, ce qui est en cause ici, c'est qu'on aurait plutôt besoin de toi pour sauver l'autonomie (et la vie) de plusieurs groupes extrèmement importants pour le bien-être des familles monoparentales, des femmes violentées, des gens qui ont faim ou qui se cherche un toit en plein hiver, etc. Plusieurs de ces groupes sont sur le point de crever ou de se dénaturer, au grand plaisir du pouvoir et des gens de ton espèce. Bref, selon moi, tu es le parfait allié de nos politicienNEs (au même titre que certains groupes communautaires que je dénonce aussi bien que toi).

Le monde communautaire est fait du meilleur comme du pire et ne pas faire la distinction entre les deux nous ramène lentement à un passé franchement moche: des populations ignorantes et démunies manipulables à souhait par ceux qui promettent la sécurité et du pain contre un vote (ou l'adhésion bête et sans nuances à une idéologie).

Stéphane Robitaille


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