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Réactions des mouvements sociaux au budget Séguin

Nicolas, Jueves, Junio 12, 2003 - 22:10

Nicolas

Les mouvements sociaux qui ont jugé bon de commenter le premier budget du règne libéral sont unanimes : ça va faire mal. Tous dénoncent les compressions et le peu d'investissement en santé et en éducation, pourtant jugés prioritaires. Tour d'horizon des principales prises de positions.

Santé et éducation: imaginez si ça n'avait pas été une priorité.

En santé, tout le monde constate le réinvestissement mais on souligne qu'il est bien minime. D'après la Coalition Solidarité Santé: "quand on analyse le chiffre de 1,287 milliard annoncé et qu'on retire les 867 millions pour les coûts de système et les 250 millions annoncés par le ministre Couillard en mai dernier, il ne reste que 170 millions pour améliorer les services, permettre aux personnes à domicile d'avoir les services auxquels elles sont en droit de s'attendre, éponger le déficit des médicaments, absorber la hausse de la rémunération des médecins... "Le ministre Couillard devra ouvrir un département des miracles, ou ce sera nous qui devrons ouvrir le cimetière des promesses reniées". La Centrale des Syndicats du Québec (CSQ) se questionne quant à elle sur la compréhension du gouvernement libéral de ce qu'est une priorité. "Il est plutôt curieux, déclare Mme Richard la présidente de la Centrale, voire risible de la part d'un gouvernement qui a fait toute sa campagne électorale sur la santé comme étant une priorité, de constater dans ce premier budget qu'il n'accorde que 12 millions de plus au budget de 19 milliards qui est consacré à ce ministère. Est-ce là l'expression libérale d'une priorité?".

En éducation, le président de la FNEEQ-CSN, Monsieur Patry a vivement réagi au budget déposé par le ministre des Finances du Québec. "Sous le couvert de hausser le budget de l'éducation de 3,6 % par rapport au budget de l'an dernier, le gouvernement passe sous silence que cette augmentation couvre à peine les coûts de système" signale monsieur Patry. La FNEEQ-CSN surveillera attentivement le dépôt des crédits qui se fera demain et examinera à la loupe la répartition de cette mince augmentation de 3,6 %. Il est probable selon la FNEEQ, que pour le collégial, cela représente de nouvelles compressions budgétaires. Les inquiétudes des enseignants sont partagées par leurs patrons. En effet la Fédération des cégep indique que "même s'il prévoit une hausse des dépenses du ministère de l'Education de 3,6 % en 2003-2004, le budget déposé cet après-midi par le ministre des Finances, M. Yves Séguin, ne permet pas de conclure que la hausse des coûts de système en éducation sera assumée par le gouvernement l'an prochain. Selon les premières estimations de la Fédération, 33 % de l'augmentation des coûts de système au collégial pourraient ne pas être assumés par le gouvernement - une hypothèse totalement inacceptable." Les collégiens non plus ne sont pas content, la FECQ y va aussi de son petit couplet: "ne pas remplir les coûts de système c'est en fait imposer des coupures en éducation. Imaginez si l'éducation n'était pas une priorité..."

Par ailleurs, le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) souligne que "ce budget n'apporte aucune solution aux besoins de consolidation et de développement du réseau de l'alphabétisation populaire, à la situation précaire des adultes peu alphabétisés" "Le budget ne répond aucunement à nos principales revendications, déplore Christian Pelletier, coordonnateur du Regroupement. Il ne suffit pas d'affirmer que l'analphabétisme et la pauvreté sont des problèmes graves, il faut surtout se donner les moyens financiers de combattre ces problèmes. Nous nous inquiétons grandement du sort réservé à l'alphabétisation populaire et à la lutte à la pauvreté suite à ce premier exercice budgétaire du gouvernement libéral." L'augmentation dans le secteur de l'éducation est nettement insuffisante et permettra à peine de couvrir l'augmentation des coûts de système. Cela envoie un signal assez clair au réseau des groupes d'alphabétisation populaire que le gouvernement libéral n'a pas l'intention de débloquer les fonds nécessaires à sa consolidation et son développement et ainsi en assurer l'accessibilité dans l'ensemble du Québec.

Lutte à la pauvreté

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) qualifie le budget du ministre des Finances, Yves Séguin, de budget du décrochage social. "C'est l'un des pires reculs que le Québec a connu ces dernières années. Ce n'est pas crier au loup ni se scandaliser pour un rien quand on constate à quel point les acquis sociaux sont touchés par ce budget. Est-ce vraiment le mandat qu'a reçu le gouvernement Charest le 14 avril dernier? Nous en doutons", a déclaré la présidente de la CSQ, Mme Monique Richard.

"Où est la priorité aux familles et le soutien aux plus démunis?" se demande la présidente de l'Union des consommateurs, Thérèse Richer. L'organisme constate que les familles pauvres devront encore patienter avant de voir leur sort s'améliorer et ce, malgré la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale et malgré les engagements du parti libéral autour de cette question. Ainsi, on sait déjà que les budgets du ministère de l'Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille seront gelés, ce qui compromet des mesures comme l'instauration d'un barème plancher à l'aide sociale, le retour de la gratuité des médicaments (pourtant qualifié de "mesure urgente" par le premier ministre Charest) ou encore, l'abolition des coupures de prestations liées au versement d'une pension alimentaire pour enfants. "Avec des budgets gelés, c'est peut-être même l'indexation des prestations qui risque d'y passer. On est loin de la lutte à la pauvreté!", dit la présidente de l'organisme qui regroupe notamment des ACEF. L'Union des consommateurs constate aussi que le gouvernement entend plus que jamais utiliser les sociétés d'Etat comme vache à lait, avec, par exemple, des revenus supplémentaires de 600 M $ dans le cas d'Hydro-Québec seulement. "Il faut s'attendre à des hausses importantes de tarifs d'électricité au printemps prochain, des augmentations qui feront plus mal aux familles moins bien nanties" commente Thérèse Richer.

Pour le Front commun des personnes assistées sociales du Québec: "dans le budget Séguin les pauvres sont affamés pour réduire les impôts" Le Front souligne que rien n'apparaît dans le budget Séguin relativement aux trois promesses électorales de Jean Charest de poursuivre l'indexation des prestations à l'aide sociale, d'introduire une prestation minimale à l'aide sociale équivalant à la prestation de base et de rétablir la gratuité des médicaments pour toutes les personnes à l'aide sociale et les personnes âgées bénéficiant du supplément de revenu garanti. Sur cette dernière mesure, non seulement le budget Séguin ne livre-t-il pas la marchandise, mais les personnes âgées à faible revenu devront encaisser une hausse de 9 % de leurs coûts de médicaments. Aucun investissement d'argent pour réaliser le plan d'action découlant de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale et promis pour l'automne par le ministre de la Solidarité sociale, monsieur Claude Béchard.

Logement social

Le Conseil central de Montréal de la CSN souligne que "Les associations de défense des locataires ont raison d'être outrées. Le budget du ministre Séguin n'est sûrement pas en mesure de répondre à l'engagement du premier ministre Charest lors de son discours, la semaine dernière, à l'effet de construire quelque 13 000 logements sociaux." Pour le FRAPRU "Ce ne sont pas 10,7 millions $ d'investissements additionnels qui vont résoudre la crise du logement, d'autant plus que, de cette somme, 5,7 millions $ ont déjà été annoncés et consistent en des mesures de dépannage pour le 1er juillet". Le FRAPRU s'est dit d'autant plus outré que le défunt budget Marois prévoyait quant à lui des investissements de 128 millions $ en cinq ans. Selon le FRAPRU, en ne prévoyant pas cette somme, le ministre Séguin ne permet pas la construction de l'ensemble des 13 000 logements sociaux dont le premier ministre Charest a pourtant "confirmé l'accélération" dans son Discours inaugural. Il prive de plus le Québec de 80 millions $ d'argents fédéraux disponibles pour le logement abordable depuis le dernier budget Manley.

Des coupures qui annoncent des baisses de services

"Il ne fait aucun doute que de telles coupures amèneront une diminution importante des services publics offerts à la population ainsi que de nombreuses mises à pied parmi le personnel de la fonction publique du Québec", a commenté le président général du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) M. Sawyer. Pour le SFPQ, il est totalement illusoire de penser que l'on puisse diminuer les dépenses de façon aussi draconienne sans affecter directement les services publics. "La population est en droit de savoir ce qu'il adviendra, à la suite de l'adoption de ce budget, des services dispensés par la fonction publique tels que l'inspection des aliments, l'inspection des bâtiments ou encore l'application des normes du travail et les services du Curateur public", a commenté Michel Sawyer.

"Voilà un budget qui fera mal à Montréal. De plus, non seulement le budget ne propose aucune mesure de création d'emplois, il risque d'en faire perdre des milliers aux Montréalais" explique Arthur Sandborn, président du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN). "Le budget annonce des coupes de service dans le transport en commun en poursuivant la logique du sous-financement. Ce n'est certes pas en abandonnant des mesures qui favorisent le transport en commun, en obligeant les sociétés de transport de Laval et de Montréal à hausser les tarifs ou à diminuer le service que nous règleront les problèmes liés aux engorgements et à la détérioration de la qualité de l'air."

En bref, un budget de droite!

"Ce premier budget des libéraux confirme qu'ils n'ont aucune intention de respecter les engagements pris lors de la dernière campagne électorale. Le budget Séguin atteste le mouvement des libéraux vers la droite et favorise trop le laisser-faire au plan économique en plus de risquer de freiner la croissance de l'économie. En comparant ce premier budget du gouvernement Charest avec les engagements des libéraux pris en campagne électorale, on s'aperçoit que les libéraux de Jean Charest n'étaient pas prêts à assumer la destinée collective des Québécois" a déclaré le directeur québécois du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA-FTQ), M. Luc Desnoyers. "Grâce aux batailles menées par plusieurs acteurs de la société québécoise, le Québec a fait des choix et a bâti son propre modèle de vie collective en Amérique du nord. Les frais de scolarité sont moins élevés qu'ailleurs, d'ajouter le syndicaliste. Les frais de garde pour un enfant sont plus bas au Québec. Les loyers sont moins élevés que presque partout ailleurs au Canada. Le transport en commun coûte moins cher à Montréal qu'à Toronto. Diminuer le rôle de l'état afin de réduire les impôts, cela voudra dire réduire nos politiques sociales au même niveau que les autres, avoir moins de services collectifs et voir les coûts de la vie au Québec augmenter". Pour Luc Desnoyers, "le jeu des libéraux est clair; la stratégie du ministre des Finances est de diminuer dramatiquement le rôle de l'état et les services gouvernementaux pour après coup se vanter de pouvoir diminuer les impôts. Avec cette façon de faire, il est impossible d'avoir une entente semblable à celle signée entre le gouvernement du Québec et General Motors le 28 février 2003 pour le développement d'une industrie automobile au Québec. C'est donc toute la philosophie budgétaire du gouvernement Charest qu'il faut rejeter".

Avec la présentation de son premier budget, le gouvernement Charest concrétise son choix annoncé de réduire le rôle de l'Etat à sa plus simple expression. Selon le SFPQ, cette vision des choses cache d'énormes coûts sociaux qui ne viendront qu'annuler l'effet des baisses d'impôt que le gouvernement promet pour son prochain budget. "Il faut également rappeler à la population que l'inaction du gouvernement en matière de lutte à la pauvreté, par exemple, entraînera, à terme, une augmentation des coûts en matière de sécurité du revenu et en matière de santé. Il en va de même pour l'entretien des routes, pour les interventions gouvernementales en matière d'environnement ou encore, en matière de logement", a poursuivi Michel Sawyer. "Le SFPQ est prêt à défendre les services publics et les emplois de ses membres. Nous profiterons d'ailleurs de toutes les tribunes pour dénoncer les coupures de services qui affecteront bientôt la population québécoise", a conclu le président général du SFPQ.

Le mot de la fin à la plus grosse organisation du mouvement social québécois, la FTQ. "Budget Séguin : un remède de cheval administré au mauvais patient" a tonné Henri Massé, président de la FTQ. La FTQ n'est certes pas opposée au changement, lorsque celui-ci est porteur de progrès. "Ce qui nous déplaît le plus, dans ce budget, c'est la teneur du discours. On nous présente ça comme si on avait vécu sous 8 années de social-démocratie fort généreuses alors que durant la majeure partie des deux derniers mandats du PQ, on a vécu des périodes de compressions très importantes", a souligné M. Massé. "On a mangé le gras, on a sucé l'os, on a tété la moelle et là on nous propose un jeûne pour ramener le patient."



Asunto: 
Si le gouvernement libéral es
Autor: 
David Lorek
Fecha: 
Sáb, 2003-06-21 17:29

Si le gouvernement libéral est prêt à sous financer et comprimer -pour ne pas dire opprimer- de manière plus ou moins arbitraire, des segments de la population, il serait peut-être souhaitable qu’il décrête tous simplement l’abolition du loyer aux particuliers. Peut-être même avec une réduction salariale de 15 à 20%, en considérant que nous en sommes, en moyenne je crois, à payer un peu moins du tiers de notre salaire pour nous loger. Pensez aux économies, si la masse salariale du fonctionnariat de notre état était réduite de 20%.

Bien sûr, les propriétaires auraient à réintégrer le marché du travail. les conglomérats rentiers auraient à fermer leurs portes, ou du moins à virer du personnel. Les hypothèques seraient plus dure à rencontrer. L’entretien serait au frais des locataires et il y aurait surement encore diverse taxes à payer.

Ce n’est peut-être pas la meilleure solution. Je ne sais pas. C’est juste mon opinion.

On pourrait peut-ètre en discuter...


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