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Le pouvoir par la base: la gestion du bien commun

Anonyme, Domingo, Junio 8, 2003 - 22:11

Olivier

L'inefficacité et l'innaccessibilité des services publics sont des fardeaux de plus en plus lourds pour les communautés. Aux menaces de privatisation et aux discours droitistes parlant de "réduction de la taille de l'état", opposons la mobilisation, l'action bénévole et la gestion commune des institutions.

Les gouvernements de la révolution tranquille nous ont transmis leurs vastes réseaux de services publics: santé, éducation, intervention sociale etc. Les raisons qui justifient l'existence de ces réseaux demeurent. Je ne voudrais pas que l'école primaire de mon cartier soit détenue par Coca Cola, ni que les programmes de formation techniques de mon cégep soient sous tutelle de General Motors. Je ne voudrais pas qu'on me fasse une estimation en entrant à l'urgence, en me questionnant sur mes polices d'assurance.

Cela dit, force nous est de constater que nos institutions publiques, à cette heure, tirent de la patte. Il faut réagir. Je travaille moi-même dans un hôpital et j'ai été affecté il y a quelques temps à un projet de rénovation sur un département. Une entreprise de trois semaines qui s'est rapidement transformée en véritable gouffre financier... Chaque tâche était individuellement assignée à chaque travailleur par un "contremaître" extérieur qui n'a probablement jamais vu le chantier. Le plombier arrachant les toilettes, lavabos et fontaines installés quelques heures plus tôt par le plâtrier; l'électricien défaisant les murs juste après le départ du peintre; et le même peintre entrant avec tout son attirail dans une chambre dont le plancher était fraîchement ciré... pour aller y repeindre le plafond. Vous voyez le genre ?

tous les travailleurs ont dut refaire chaque tâche deux ou trois fois, simplement par manque de planification. Et ça, c'est sans parler de tous les équipements, matériaux et accessoires qui s'achètent invariablement au double, au triple, voire au quadruple du prix normal. Ce genre de déboires est monnaie courante. En fait, pour plusieurs, c'est la routine. Biensûr: ces gens travaillent à l'heure, et aux frais du contribuable. Idem pour le matériel. Le fonctionnaire qui conclue l'achat d'une barre de sécurité pour bain thérapeutique se soucie-t-il réellement du prix ? J'aimerais bien le croire mais la réalité est autrement. Il ne s'en soucie nullement puisque ce n'est pas vraiment lui qui payera la note. J'ai vu l'une de ces barres se transiger pour 150$ alors que l'on peut en trouver d'identiques à la quicaillerie locale pour 17$. Qui se plaindrait de tout ça ?

Or, de l'autre côté de la clôture, l'herbe est effectivement plus verte, il faut l'admettre. Les organismes privés sont forcés de se montrer efficaces car ils sont soumis aux lois du marché compétitif et, surtout, ils sont administrés par des gens qui ont réellement intérêt à maximiser leur rendement.

Je ne dis pas cela pour dénigrer le public au profit du privé. Au contraire ! En fait, si les possesseurs des capitaux font en sorte que les capitaux soient efficaces et répondent à leurs besoins, pourquoi les citoyens, qui sont les possesseurs des institutions publiques, ne feraient-ils pas en sorte que ces dernières en fassent autant ?

Les structures administratives de ces institutions sont les créatures de gouvernements fondamentalement centralisateurs. Si ce mode de fonctionnement était de mise dans la lutte contre le pouvoir financier sauvage il y a 40 ans, il n'en est plus forcément de même. Je pense qu'à l'ère de la mondialisation, il faut plutôt miser sur l'action communautaire localisée et la prise en charge des citoyens par eux-mêmes. Les lourdes bureaucraties d'état sont devenues trop lourdes. Elles ont fait leur temps. Maintenant, l'ensemble du réseau public accuse un constat d'échec et ne sera bientôt plus viable si la situation persiste.

Qui se plaindrait de tout ça ? Nous ! Il appartient aux citoyens de s'impliquer ! Formons des assemblées et des comités pour superviser nous-mêmes nos centres; portons-nous volontaires pour les appuyer et montrons-nous vigilants quant aux abus qui les minent. Une école, un hôpital, un centre d'aide aux femmes violentées, un centre de services municipaux... tous ces établissements sont d'abord et avant tout des organismes créés pour et par la communauté. Leur administration ne devrait plus être l'affaire exclusive de quelques fonctionnaires.

La chaîne interminable de l'administration publique qui remonte jusqu'au directoire des quelques puissants ministres de Québec aboutit si loin du peuple qu'en ce qui me concerne, je n'y voit plus de démocratie. Je pense que la meilleure expression de ce que nous tenons pour la démocratie se trouve en essence au niveau communautaire et local, bien plus que dans les vastes systèmes centralisateurs keynésiens. Prenons le pouvoir par la base.

Olivier



Asunto: 
La nécessaire implication
Autor: 
Anonyme
Fecha: 
Lun, 2003-06-09 08:35

Je suis d'avis qu'il y a effectivement quelques choses qu'il faut faire de ce coté. Toutefois, les pouvoirs en place et l'armada administratif des organismes concernés ne seront surement pas prêt à faire de la place à une telle intervention dans "leurs" affaires. Il faut se rendre compte que c'est un nouveau front de lutte, en somme. Comme si cela ne suffissait pas dans la liste des travaux d'Hercule, j'ajouterais qu'il commence à être grand temps aussi de comencer à penser de faire pareillement dans une kyrielle de domaines corporatifs, monopolisés aux service de leurs fins propres, plutot que pour celles des clients. Je pense entres autres, mais pas exclusivement, aux corporations professionnelles du domaine médical, celles des instances légales genre avocat, sans oublier les corps de métiers, puis tous les copinages industriels et commercial, menant des actions du genre fixation des prix.


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Asunto: 
Autogestion et participation
Autor: 
Nicolas
Fecha: 
Lun, 2003-06-09 12:26

Les hôpitaux, comme plusieurs autres "services publics", sont particulièrement kafkaïens et plus ou moins basés sur un système d'organisation du travail ressemblant drôlement à un sytème de castes hierarchisés. J'ai moi-même pu constater sur un chantier (dans un projet de coopérative d'habitation) les "lacunes" (c'est un euphémisme, je suis très en colère) dont tu parles.

Il me semble qu'il y a plusieurs choses à casser --la bureaucratie, les castes et la hiérarchie notamment-- et d'autres à construire : l'autogestion, la coopération, la participation de touTEs et la responsabilisation.

Malheureusement, les syndicats (principal regroupement des salariés) n'ont plus aujourd'hui de charge subversive mais il n'est fut pas toujours ainsi. J'ai un exemple spontanné qui me vient en tête et qui touche directement à ce dont tu parles.

Jusque dans les années 1920, l'anarcho-syndicalisme dominait au Portugal. Une des visées de ce type de syndicalisme était l'autogestion et le contrôle ouvrier pour casser l'exploitation, la domination et l'aliénation. Cela a mené à de nombreuses luttes révolutionnaires mais aussi à des expériences de transitions, à la limite du réformisme. Par exemple, dans la construction, les syndicats libertaires portugais, qui était vraiment antiautoritaires et suportait mal la présence de contre-maitres et d'entrepreneurs généraux, avaient gagné le contrôle ouvrier sur les chantiers. Ça fonctionnait de façon très simple: le secteur public donnait des contrats aux syndicats du bâtiment directement et ceux-ci s'organisaient pour les mener à terme dans les budgets alloués. C'est eux qui organisait le travail en assemblée, formait les comités, décidaient des paies etc. ET ÇA MARCHAIT!

Il me semble qu'il y a là un exemple à méditer.


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Asunto: 
Merci de ton excellent exemple !
Autor: 
Anonyme
Fecha: 
Lun, 2003-06-09 14:13

L'exemple du Portugal est excellent. J'ai aussi entendu parler d'un modèle similaire qui aurait eu cours à Barcelone dans les années 20. Le système a toutefois rapidement sombré quand les troupes républicaines de Franco ont pris la ville...

L'exemple est bon mais, pour ma part, j'y apporterais tout de même une modification. Plutôt que de recevoir des mandats du gouvernement central, je prônerais une gestion participative impliquant d'une part les travailleurs des institutions et d'autre part les gens de la communauté qui en sont les bénéficiaires.

L'état assurerait la distribution des fonds afin d'assurer une péréquation solidaire entre les communautés riches et pauvres, et chaque communauté serait ensuite libre d'utiliser ses fonds en fonction de ses priorités, besoins, valeurs et particularités propres.

Qu'en penses-tu ?

Olivier


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Asunto: 
Tant qu'à être dans l'utopie...
Autor: 
Nicolas
Fecha: 
Mié, 2003-06-11 11:10

Tant qu'à être dans l'utopie, personnellement j'éliminerais l'État pour le remplacer par des communautés politiques directement démocratiques et fédérés (et puis tant qu'à faire: capital? basta!).

Ceci dit, en dehors de la révolution, il y a quand même moyen de réorganiser le travail, de le penser autrement (ce qui peut ouvrir la porte à la révolution, d'ailleurs).

N.

P.S.: faut faire attention avec la décentralisation par exemple because c'est à la mode ces temps ci pour se décharger de ces responsabilités et des budgets qui vont avec.


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Asunto: 
T'as raison...
Autor: 
Anonyme
Fecha: 
Mié, 2003-06-11 13:28

C'est vrai qu'il est plus constructif de rester dans les limites du possible. Il est interessant de discuter de modèles absolus et de visions lointaines mais il l'est davantage de prévoir la prochaine étape matériellement accessible.

D'ailleurs, l'intention à la base de mon texte visait à proposer une réforme relativement réaliste dans le contexte actuel.

Merci de ton intervention !

Olivier


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