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RÉVOLTES ARABES – Censurer avec l’aide des Etats-Unis et du Canada

Anonyme, Friday, June 3, 2011 - 02:28

Mouna El Mokhtari

Une étude américaine menée par l’OpenNet Initiative montre qu’à l’heure des soulèvements des peuples arabes, les gouvernements du Moyen-Orient ont utilisé des technologies produites aux Etats-Unis et au Canada pour censurer le web.

Les fournisseurs d’accès (FAI) d’au moins neuf pays du Moyen-Orient et du Maghreb ont utilisé des outils fabriqués aux Etats-Unis ou au Canada pour bloquer des contenus politiques ou portant sur des questions de société sensibles, pénalisant ainsi 20 millions de personnes. Alors que Tunisiens et Egyptiens se sont libérés de leur dictateur, que les Libyens combattent toujours Kadhafi et que le Proche-Orient bouillonne chaque jour de nouvelles manifestations défiant les pouvoirs autoritaires en place, ces révélations de l’OpenNet Initiative [1] ont de quoi faire froid dans le dos.

Depuis quelques années, des entreprises nord-américaines spécialisées dans la sécurité en ligne telles que McAfee, Blue Coat, ou Netsweeper, ont activement recherché de nouveaux clients à l’étranger. Ces firmes vendent des solutions logiciels de filtrage du web, généralement utilisées pour protéger le réseau d’attaques malveillantes et de virus. Ce type de programmes est aussi utilisé dans les écoles, les bibliothèques, dans certaines entreprises et par les particuliers, pour bloquer l’accès des étudiants, des salariés ou des enfants, à des contenus pornographiques ou de jeux illégaux. Le marché mondial de la sécurité en ligne représentait en 2010 1,2 milliards d’euros. Les marchés arabe et africain étaient estimé à 32 millions d’euros et connaissaient une croissance de 16 %, selon le cabinet IDC.

C’est ainsi que des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) en Iran, en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis, au Soudan, en Oman, au Bahrein et en Tunisie ont acheté le programme Smart Filter de McAfee. Au Qatar, aux Emirats Arabes Unis et au Yémen, on lui a préféré le canadien Netsweeper. Enfin, l’américain Blue Coat a décroché des contrats en Arabie Saoudite tandis que le gouvernement de M. Moubarak a utilisé les services de Narus, filiale de Boeing. Dans ces pays, les gouvernements ont fourni (ou fournissent) aux FAI des bases de données qui contiennent les URL qu’ils doivent bloquer sans discuter, sous peine de fermer boutique.

Une posture paradoxale

Dans son discours promouvant la liberté d’Internet en janvier 2010, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, défendait un réseau mondialisé et ouvert, appelant les entreprises américaines à “définir des principes” devant le fléau de la censure “qu’aucune firme ne devrait accepter nulle part”. Depuis le début du Printemps arabe, l’administration américaine a dépensé près de 14 millions d’euros dans le financement de logiciels pour aider les peuples arabes à contourner la censure en ligne. Des efforts presque insignifiants comparés aux ravages causés par les logiciels de filtrage dont il est question dans le rapport de l’OpenNet Initiative.

Les entreprises incriminées arguent que, comme avec tout produit, elles ne sont pas responsables de l’usage qui en est fait. Ce serait un peu comme tenir pour responsable les fabricants de voiture quand des usagers se tuent au volant par excès de vitesse. Techniquement, elles pourraient intégrer dans les programmes des sortes de registre qui leur rendraient compte du type de filtrage exercé, mais pas sûr que les gouvernements achètent ensuite le produit. Elles pourraient s’abstenir de vendre ces produits aux autorités de pays où la liberté d’expression n’est pas respectée, ainsi que le souhaitait Hillary Clinton. Mais quelle devise est plus américaine que business is business ?

Il ne reste plus qu’à espérer que dans le jeu du chat et de la souris que se livrent en ligne activistes et régimes autoritaires, le gouvernement américain ne va pas renoncer à financer la diffusion et l’élaboration de technologies de contournement. Sinon, les peuples ne pourront plus compter que sur l’initiative privée de quelques expatriés, comme Walid Al-Saqqaf, un journaliste yéménite vivant en Suède qui a vu son aggrégateur d’actualités YemenPortal.net censuré par le régime du président Saleh. Il a conçu Alkasir, un logiciel gratuit qui permet de contourner le blocage des URL. Il compte aujourd’hui près de 16 000 utilisateurs au Yémen, en Chine, en Iran et ailleurs.



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