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Paris : méga-rafle d’une centaine de tunisiens au 51 avenue Bolivar, un premier récit

Anonyme, Friday, May 6, 2011 - 12:53

4 mai, 16h30. Juste avant 14h, près de 300 keufs (dont un hélicoptère de la Sécurité civile équipé de deux caméras) sont intervenus à la demande de la mairie de Paris pour expulser le 51 avenue Bolivar, et y rafler les tunisiens du Collectif de Lampedusa à Paris.

La porte a tenu un peu de l’extérieur en résistant aux gendarmes mobiles, et surtout de l’intérieur, où la soixantaine de sans-papiers et la vingtaine de camarades revenus ou restés dedans pour défendre le lieu ont tenu la porte en une mêlée humaine renforcée de planches-portes/boucliers. Après un temps qui a semblé infini de colère et de rage, les gendarmes mobiles ont enfoncé notre résistance et se sont littéralement rués, matraques en main, à la chasse. Un premier groupe s’est réfugié dans les étages, un second avec la plupart des compagnons et camarades en sous-sol. Ce second groupe, voyant que la porte n’était tenue que par quatre gros civils, a lancé une contre-charge, piétinant les bourres au passage, vers la sortie. Quelques tunisiens avec nous sont parvenus à s’échapper, avant que les keufs à l’extérieur ne nous arrêtent puis nous renvoient rejoindre la centaine de manifestants postés à distance à l’extérieur.

Plus de 100 tunisiens ont été embarqués dans trois cars, vers les comicos du 19e et du 20e arrondissements (+ une quinzaine de camarades chopés lors des échauffourées qui ont suivi). Pendant tout le temps de cette rafle surprotégée (le ministre de l’intérieur Guéant est venu en personne à la mairie du XIXe juste avant l’opération), la grosse centaine de manifestants (les occupants et leurs amis plus un paquet de gauchistes accourus pour beaucoup faire bonne figure) a tenu bon face aux flics, gueulant "Liberté ! Liberté !" aux migrants tunisiens sortis par grappes et enfournés dans trois cars, mais aussi : "Delanoe, premier des Benalistes", "Ben Ali, reviens, t’as oublié tes chiens", "Flics porcs assassins", "Guéant facho, on aura ta peau", "Contassot collabo" (le responsable des Verts se faisant interviewer au milieu des flics pendant la rafle), etc. Avec de la rage, beaucoup de colère et de tension.

Sos-racisme s’est fait physiquement dégager, malgré que le NPA puis quelques cénétistes les aient défendus (les uns par amitié, les autre au nom de l’unité). On a essayé en vain dans un mouvement rapide et peu suivi de bloquer le premier des cars emmenant les tunisiens. Les lignes de CRS se sont renforcées peu à peu, encadrant les manifestants contre les grilles du parc des Buttes Chaumont. C’est quand les trois employés de la Sécurité de la Ville de Paris ont voulu fermer la grille et en ont été là encore physiquement empêchés, que les CRS ont chargé, et que tout le monde restant a quand même réussi à rentrer dans le parc (dans les coups échangés, un CRS s’est fait tirer sa matraque, plusieurs copains ont pris des coups pour tenir ouverte cette porte le temps de faire sortir tout le monde de la nasse, les CRS se sont mangés dans la face des poubelles et des pots de géraniums, etc.).

Bref, à l’heure qu’il est, il y a au moins 100 tunisiens dans les comicos raflés à Bolivar (sans compter tous ceux des rafles de hier soir dans la rue, autour des métros, et des jours et nuits précédentes). La préfecture parle de 138 interpellés.

La mairie de Paris se défausse maintenant sur les radicaux de service pour assumer d’avoir signé l’expulsion : "Les contacts sur place ont été rendus très difficiles par la présence de collectifs militants anarchistes ou radicaux qui ont préféré dénigrer l’action et l’engagement de la Ville et des associations plutôt que d’accompagner et d’aider réellement les ressortissants tunisiens. Ils ont pris une lourde responsabilité en entraînant ces derniers à rester sur place - à l’exception d’une dizaine qui ont accepté hier soir de rejoindre une structure d’hébergement - et en les encourageant explicitement à affronter les forces de l’ordre."

Toujours le même paternalisme gerbant contre tous les pauvres, avec ou sans papiers. Comme si les tunisiens du Collectif de Lampedusa à Paris, dont une partie a participé aux émeutes et affrontements en Tunisie pour chasser -comme des milliers d’autres- Ben Ali du pouvoir, n’étaient pas capables tous seuls de construire un rapport de force et de vouloir en découdre avec les chiens en uniforme qui leur pourrissent la vie, et trop débiles pour se permettre de refuser les miettes tombées de la table de la mairie et de ses collabos associatifs. En la matière, ce sont eux qui ont beaucoup de choses à nous apprendre, à nous, et les riches échanges vécus au quotidien pendant ces trois jours et trois nuits d’occupation commune ne sont qu’un début de partage.

A suivre...

Les sans-papiers arrêtés sont répartis dans les commissariait suivants :

80, avenue Daumesnil, 12e.
79, rue Clignancourt, 18e : 01 5341 5000
3, rue Eric Satie, 19e : 01 5556 5800
3, rue des Gâtines, 20e : 01 4462 4800

Les 20 solidaires arrêtés sont passage charles Dallerey, 11e

Expulsion de Tunisiens installés dans un squat à Paris

Reuters, 04/05/2011 à 16:26

Près de 140 migrants tunisiens ont été expulsés mercredi d’un bâtiment qu’ils occupaient dans le XIXe arrondissement de Paris, a-t-on appris auprès de la police.

Cette nouvelle opération de police visant des migrants a été dénoncée par de nombreuses associations et partis de gauche.

Les membres du "Collectif des Tunisiens de Lampedusa" à Paris vivaient depuis plusieurs jours dans ce bâtiment appartenant à la mairie de Paris. L’immeuble de la rue Simon Bolivar est considéré comme insalubre.

Les forces de l’ordre - environ 250 CRS et gendarmes - ont pris position autour de l’immeuble, dont plusieurs occupants ont été conduits dans des bus, vers 14h00 a constaté un photographe de Reuters.

"Au total, 138 personnes ont été interpellées. Leur situation sera examinée au cas par cas", a dit à Reuters TV un officier de presse de la préfecture de police.

Venus pour la plupart, il y a deux mois, de l’île italienne de Lampedusa, où ils avaient débarqué après les événements en Tunisie, les occupants du squat de la rue Bolivar dormaient auparavant au parc de la porte de la Villette.

Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a reconnu que l"intervention policière s’était faite à la demande de la ville de Paris. "Ce lieu est reconnu comme dangereux et n’est nullement conçu pour servir d’hébergement", dit-il dans un communiqué.

Mais cette nouvelle opération de police a suscité de vives protestations.

"Cette décision couvre de honte ce gouvernement" et nuit à la réputation de la France dans le Maghreb, assure dans un communiqué Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche.

"En ce moment la Tunisie assume son devoir humain et politique de solidarité avec les révolutions citoyennes en cours en accueillant plus de 70 000 réfugiés venus pour l’essentiel de Lybie, un pays où nous faisons la guerre", ajoute-t-il.

Pour les élus parisiens d’Europe Ecologie-Les Verts, le gouvernement "opte scandaleusement pour la précipitation, la brutalité et la confusion" alors que des associations recherchaient de nouveaux locaux.

Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot a "protesté énergiquement contre la rafle contre la centaine de migrants tunisiens ainsi que contre les violences policières qui accompagnent ce genre d’opération."

L’union syndicale Solidaires dénonce "l’abjecte politique du gouvernement qui bafoue la liberté de circulation en pourchassant les Tunisiens."

Les autorités multiplient depuis deux semaines à Paris et dans le sud de la France les interpellations de migrants, en majorité tunisiens.

Pour pouvoir rester en France, les migrants tunisiens doivent être détenteurs d’un permis de séjour en zone Schengen octroyé par l’Italie et posséder 31 euros par jour pour justifier leur présence sur le territoire français.

Et l’inévitable article policier du Parisien

Paris : les migrants tunisiens évacués

Sébastien Ramnoux du Parisien | Publié le 05.05.2011, 07h00

Une opération quasi militaire : hier en milieu de journée, un important dispositif de policiers et de gendarmes mobiles a évacué manu militari les migrants tunisiens et leurs soutiens associatifs qui occupaient depuis le 1er mai un immeuble désaffecté de la mairie de Paris au 51, avenue Simon-Bolivar (XIXe).

A 13h15, les forces de l’ordre ont enfoncé la porte et sont montées dans les étages « pour sécuriser les lieux et éviter toute chute », expliquait en direct le directeur de cabinet adjoint du préfet de police de Paris.

Puis, pendant deux heures, les occupants ont été exfiltrés au compte-gouttes vers des cars de CRS avant d’être acheminés dans plusieurs commissariats. D’après la préfecture, 128 personnes ont ainsi été évacuées, alors que vingt militants autonomistes ou anarchistes qui tentaient d’en découdre avec les forces de l’ordre ont été interpellés.

Ces migrants tunisiens, dont la plupart sont à la rue depuis trois semaines, après être entrés en Europe par l’île italienne de Lampedusa, regretteront peut-être de n’avoir pas accepté mardi soir la proposition de la mairie de Paris de les héberger dans un centre d’une centaine de places ouvert exprès dans le VIIIe. « Ils avaient peur, ils ne savaient pas quoi faire, ils voulaient rester ensemble », explique une élue du Parti de gauche du XXe.

Au cabinet du maire de Paris, qui a demandé l’évacuation hier pour des raisons de sécurité, on narre une autre histoire. « Pendant deux jours, nous avons négocié avec les migrants pour leur demander de sortir de cet immeuble dangereux et accepter nos propositions d’hébergement. A plusieurs reprises, nous les avons convaincus, mais ils ont été instrumentalisés pas les militants anarchistes qui les ont poussés à affronter les forces de l’ordre. Et tout ça pour quoi ? Etre arrêtés et reconduits à la frontière ? Quel gâchis. »

L’action des groupes anarchistes mise en cause par la mairie

Hier dans un communiqué, Bertrand Delanoë a vivement dénoncé les agissements de ces groupuscules qui, selon lui, « ont pris une lourde responsabilité ». Parmi les 129 migrants interpellés hier, certains feront à coup sûr l’objet d’une expulsion. Aujourd’hui, selon la mairie de Paris, plus de 200 migrants sont accueillis dans des structures d’hébergement financées par la Ville et plusieurs dizaines d’autres places pourraient encore être ouvertes.



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