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Les masses ébranlent le monde; la révolution doit le changer!

Eric Smith, Tuesday, February 1, 2011 - 21:22

Depuis le mois de décembre, de la Tunisie à l’Égypte, du Maroc à l’Algérie en passant par la Jordanie ou jusqu’au Yémen, les régimes arabes consolidés artificiellement par «90 ans d’intrusion occidentale» sont soudainement ébranlés et menacés d’être foutus à la porte. Le dictateur Ben Ali, après 23 ans de règne marqué par la corruption et les injustices, s’est enfui de la Tunisie dans la honte. En Egypte, Hosni Moubarak, qui règne en maître et dictateur depuis 30 ans et qui s’apprêtait à passer le relais à son fils, est menacé du même sort, du moins au moment d’écrire ces lignes.

La jeunesse, largement prolétaire en Tunisie, en Égypte, mais aussi en Algérie et au Maroc, pauvre et sans avenir, vivotant avec 2 dollars par jour, éduquée mais exclue; aux prises avec une nouvelle hausse du coût de la vie, victime d’un taux de chômage moyen de près de 25%, brûle aujourd’hui les pavés et laisse enfin aller sa colère contre ces régimes pourris.

Après des décennies où elles ont vu les capitales impérialistes soutenir des régimes corrompus qui les oppriment, appuyer Israël dans sa politique de destruction du peuple palestinien et mener des guerres injustes en Afghanistan et en Irak, les masses arabes prennent aujourd’hui le chemin de la mobilisation. La jeunesse du Moyen-Orient et en son sein des millions de prolétaires accélèrent aujourd’hui un mouvement, celui de la lutte des classes. Une lutte aujourd’hui spontanée et soudaine, qui met en marche cette jeunesse prolétaire, qui veut vivre dans la dignité, avoir le droit de travailler, de se loger et de se nourrir décemment et qui veut aussi le droit de décider de son avenir.

Car il s’agit bien de cela: À bas la misère! À bas la corruption! On veut manger! On veut travailler! Bien plus qu’un simple cri réclamant «la liberté et la démocratie», la jeunesse arabe, qui représente aujourd’hui une majorité de la population de ces pays, veut du pain, du travail et la fin de toutes les injustices. Elle souhaite jeter dehors des régimes profondément corrompus, qui excluent l’immense majorité de la population de la vie démocratique, et qui ne servent que leurs intérêts et ceux de leurs amis impérialistes. Nous joignons nos voix à ceux et celles qui ne s’en tiendront pas à un changement de façade, mais qui voudront poursuivre le mouvement jusqu’à un bouleversement véritablement révolutionnaire de toute la société.

Ces richissimes gouvernements imposaient et imposent encore à leur peuple une vie de misère, une exploitation et une répression qui durent depuis des décennies. L’État canadien, comme tous ses amis impérialistes, n’ont jamais rien trouvé à y redire. Ceux-ci ont pourtant semé la guerre en Afghanistan et en Irak, sous ces mêmes prétextes. Pour les impérialistes, la liberté est un élastique qu’ils étirent au gré de leurs intérêts. On en mesure, encore une fois aujourd’hui, toute l’hypocrisie.

Certains et certaines voudraient bien que cet élan et ce mouvement s’arrêtent là où nos démocraties bourgeoises se sont elles-mêmes arrêtées: à des élections, et à quelques changements oui, mais à condition que les nouveaux dirigeants maintiennent la même politique au service du système impérialiste mondial… de nouveaux dirigeants qui à terme, continueront encore de représenter une minorité au pouvoir, plutôt que le pouvoir aux mains de l’ensemble des masses prolétariennes du pays.

Encore récemment, en Argentine au début des années 2000, grâce à la mobilisation de la rue, les masses ont jeté dehors pas moins de trois présidents successifs. Pourtant, aujourd’hui, c’est toujours la bourgeoisie, et c’est encore le capitalisme qui règne en maître en Argentine. Malgré quelques expériences improvisées au cours de la lutte, de comité de citoyenNEs ou de coopératives, le mouvement des masses en Argentine a profondément souffert d’un manque d’organisation, de préparation et de direction, tant en termes politique que de défense armée. Le mouvement a ébranlé la société, sans pour autant réussir à la transformer ou à prendre le pouvoir.

Aujourd’hui, en Tunisie comme en Egypte bien qu’à des degrés différents, il est manifeste qu’aucune force politique révolutionnaire, communiste ou populaire, n’est à l’origine des révoltes. Et aucune force ne semble en mesure de saisir cette situation révolutionnaire pour renverser le pouvoir bourgeois aujourd’hui. Rien n’est donc gagné, et il est vraisemblable que la bourgeoisie au pouvoir, tant en Egypte, en Tunisie que dans les capitales impérialistes, réussira à empêcher le mouvement d’aller jusqu’au bout, du moins pour l’instant. Mais les révoltes actuelles et la formidable mobilisation qui se produisent vont sans doute créer les conditions – il faut le souhaiter! – pour l’émergence d’une force politique véritablement révolutionnaire, organisée et préparée, qui pourra tirer les leçons et les limites du mouvement spontané actuel. En un mot, à ceux et celles qui croient que la révolution est en voie d’être accomplie dans ces pays, elle n’en est en fait qu’à ses débuts!

L’histoire révolutionnaire du prolétariat et des masses opprimées a été marquée non seulement par des victoires, mais aussi par des épisodes douloureux et des défaites amères dans la lutte pour la libération du joug bourgeois. Ces défaites ou ces reculs sont autant d’expériences qui doivent permettre aux masses, non seulement de déclencher un mouvement, mais de le transformer en victoires réelles pour la majorité. Elles ont permis au prolétariat de développer une stratégie de la révolution. Une stratégie qui nécessite absolument la mobilisation active des masses. Mais cette mobilisation ne suffit pas à procurer la victoire.

L’histoire a démontré que sans une stratégie préparée, sans une organisation consciente des prolétaires et des paysans, sans une organisation à la fois politique et armée des masses, il n’est pas possible de faire avancer la révolution jusqu’à la prise du pouvoir par elles et encore moins jusqu’à la transformation profonde des rapports de classe dans la société. La forme la plus avancée aujourd’hui de cette stratégie de la révolution, c’est la guerre populaire prolongée.

Les manifestations quotidiennes réclamant la fin d’un pouvoir corrompu aux allures de dictatures sont bien sûr un élan formidable. Un élan et une leçon pour nous tous prolétaires de tous les pays, sur l’immense force que peut représenter la colère des masses, quand celles-ci se mettent en action. Cette démonstration vivante doit nous servir d’inspiration et renforcer notre confiance: les masses ont le pouvoir d’ébranler le monde! Et elles l’ont fait souvent dans l’histoire. À l’autre bout du monde, au Népal en 2008, les masses ont jeté dehors le roi Gyanendra après des jours et des semaines de grèves, dans certains cas armées, et surtout, après une guerre populaire préparée, organisée et menée pendant 10 ans par le parti maoïste du Népal.

Cette expérience de guerre populaire, d’abord politique, mais aussi militaire, d’accumulation de forces, de mobilisations et de préparation des masses à l’exercice d’un pouvoir populaire, est une expérience historique totalement différente. C’est cette préparation, et l’organisation consciente des prolétaires et des paysans dans une force politique et militaire organisée, qui a permis aux masses de prendre et d’exercer le pouvoir dans des zones libérées, avant même la chute du roi et d’enclencher la transformation profonde des rapports de classes dans la société. Cette stratégie de la révolution dont le cœur est la préparation, l’accumulation des forces, la création d’un parti, d’un front uni des masses et d’une armée populaire, a permis d’arracher une victoire qui, bien qu’encore fragile – la bourgeoisie et l’impérialisme feront tout pour regagner ce qu’ils ont perdu – a créé les conditions pour une réelle transformation de la société vers le socialisme.

Comme prolétaires ici même au Canada, il faut appuyer de tout coeur ces millions de jeunes hommes et femmes qui prennent aujourd’hui le chemin de l’action au Moyen-Orient, pour transformer les choses et faire tomber ces vieux régimes réactionnaires! Ils et elles nous démontrent comme au temps de la Commune, ou de la Russie de 1905 puis de celle de 17, comme en Chine en 1949 ou au Népal, que ce sont les masses qui font l’histoire. À nous d’en tirer toutes les leçons et de transformer ces moments de l’histoire en victoires pour les masses du monde entier.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 252, le 1er février 2011.
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