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Cliquez, vous etes fliqués

Anonyme, Thursday, December 14, 2006 - 05:08

En mars 2006, dans une ville de Floride, un homme malheureux, trompé par sa femme, tape dans un moteur de recherche : « Ma femme ne m’aime plus ». Il cherche aussi « Je veux me venger de ma femme », « addiction à l’alcool » et « problèmes d’érection ». Le 1er avril, il interroge le moteur pour trouver un médium qui pourrait lui « prédire mon futur ». Cet utilisateur ressemble à des milliers d’autres qui utilisent chaque jour internet. Sauf que ses requêtes faisaient partie des millions de données retrouvées sur le réseau cet été et donc malencontreusement rendues publiques. Près de 20 millions d’informations sur sur 658 000 visiteurs d’AOL pendant trois mois se sont ainsi baladées dans la nature. La société s’est excusée pour cette bourde monumentale, a retiré de la Toile ces documents confidentiels qui n’auraient pas du s’y trouver et a sanctionné les « responsables ». Trop tard, bien sûr pour empêcher la circulation et le téléchargement, qui a notamment débouché sur la création d’un moteur (sic) sur ces 20 millions de données. L’identité des personnes était, certes remplacées par des numéros, mais accompagnés du numéro de sécurité sociale, du thème de recherche, de la date et de l’heure, des liens cliqués pour chaque requête. De quoi, sur trois mois d’historique, rendre l’internaute identifiable.

Ce récent scandale dit deux choses : des sites puissants conservent abusivement (elles n’y sont pas obligées) des éléments d’identité de tous les internautes de la planète et leur utilisation peut être explosive. D’après une société américaine spécialisée dans la mesure de l’Internet, comScore, les Américains ont réalisé en octobre 6,8 milliards de requêtes en ligne, 3% de plus qu’en septembre (soit une augmentation annuelle de 33%). Google se situe bien sûr en tête avec 3,1 milliards de requêtes, suivi par Yahoo (1,9 milliard) et MSN-Microsoft (796 millions). Toutes ces informations sont stockées, ces moteurs identifiant chaque ordinateur qui se connecte à eux avec des cookies. Et leurs cookies ont des durées de vie fort longue : 2016 pour Microsoft, 2010 pour Yahoo, 2038 pour Google…

D’autres événements ont montré l’intérêt de ces données personnelles. En début d’année, le ministère de la Justice américain a demandé aux moteurs de recherche de lui donner leurs historiques de recherche dans le cadre de la lutte contre la pornographie enfantine sur le Net. Microsoft, Yahoo et AOL se sont exécutés. De son côté, Google a refusé de les livrer en considérant que cette demande était contraire à la confidentialité de son activité et à la protection de la vie privée de ses utilisateurs. L’ogre de Mountain View était en même temps mis en cause par ailleurs pour avoir accepté de s’autocensurer en Chine...

Au cours de cette année riche en rebondissements sur la mémoire gloutonne des moteurs, l’un d’entre eux, précisément un métamoteur (1), a décidé de devenir éthique. En juin dernier, Ixquick a ainsi annoncé que toutes les recherches personnelles de ses utilisateurs contenues dans ses « fichiers journaliers » avaient été effacées (adresses IP des ordinateurs qui peuvent mener à une adresse de domicile et autres paramètres), et qu’il en serait toujours de même à l’avenir dans un délai de 48 heures. « En général les moteurs de recherche conservent ces données pour une longue période, étant donné l’intérêt qu’elles représentent pour les entreprises, les autorités, mais aussi pour les criminels », explique un communiqué de cette entreprise basée aux Pays-Bas. Un de ses responsables ajoute : « Beaucoup de moteurs de recherche utilisent ces données sans restrictions à des fins commerciales. Qu’on en fasse un usage abusif n’est qu’une question de temps. »


[ EDIT (Mic pour le CMAQ)
* placé dans Fil de presse (au lieu de Analyses, car c'est un article d'info. Merci d'ailleurs!)
* ajouté le thème: Hacktivisme (dans la mesure qu'il s'agit de défendre nos droits sur Internet) ]



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